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, édité par Antoine Terrel
Selon un sondage du ministère de l'Économie, une entreprise française sur deux n'est pas préparée au Brexit. Bercy tire le signal d'alarme. 
ENQUÊTE

Le manque de préparation des entreprises françaises au Brexit inquiète les autorités financières. Comme le révélait un sondage mené par le ministère de l'Économie et dévoilé dimanche par Europe 1 et Le Journal du dimanche, un dirigeant d'entreprise français sur deux n'a pas encore étudié l'impact du Brexit pour son entreprise, tandis que seulement sept entreprises françaises sur dix ayant une filiale outre-Manche se sont mises en conditions.

Au ministère de l'Économie, on s'inquiète de ce niveau d'impréparation. Sur les 30.000 sociétés françaises qui exportent en Grande-Bretagne, elles ne sont que 10.000 a avoir utilisé l'outil mis en ligne par Bercy pour savoir si elles étaient prêtes, et seulement 5.000 à avoir suivi une formation auprès des douanes françaises. Mais, depuis quelques jours et alors que le feuilleton continue outre-Manche, Bercy note un petit sentiment d'urgence, puisque ces ateliers affichent enfin complet.

"On fait salle comble pour les cinq ateliers qu'on a organisés avec une trentaine d'opérateurs parisiens. Les gens ont compris que le Brexit pouvait potentiellement démarrer assez rapidement, et veulent, dans tous les cas de figure, avoir la maîtrise des formalités douanières à réaliser avec des pays tiers à l'Union européenne", explique , au micro d'Europe 1 Franck Lacroix, qui dirige les douanes de Paris. 

"Ça va être un énorme bazar"

Pour ces entreprises qui tentent de se préparer, la grande inquiétude est de réussir à envoyer leurs produits en Grande-Bretagne sans difficultés. Et à Bercy, l'impréparation de nos voisins européens, dont les camions transitent par les ports français, est elle aussi source de stress.

"S'ils ne sont pas prêts, ça va être un énorme bazar", confie à Europe 1 un fonctionnaire du ministère des Finances. Aujourd'hui, 80% des marchandises européennes qui partent vers la Grande-Bretagne passent par la France, soit quatre millions de poids lourds chaque année. Donc, si demain, ces poids lourds sont bloqués à Calais parce qu'ils ne sont pas en règles, c'est la paralysie. C'est ce que craint Gary Haworth, qui dirige une PME et dont le "business model" repose sur les délais de livraison. "On a des créneaux de livraison avec un abattement de 30 minutes", décrit-il à Europe 1. "Cela veut dire que si vous avez un camion bloqué au port pendant quelques heures, c'est difficile de garantir que nous puissions respecter ces créneaux, et dans ce cas, ça peut déclencher des pénalités de retard." 

Pour éviter ce scénario catastrophe, les douanes françaises proposent des formations aux entreprises de transports dans l'Est de l'Europe. Mais impossible, dit-on à Bercy, de savoir combien d'entreprises étrangères sont aujourd'hui réellement prêtes.