Bonheur national brut : à quoi ça sert de le mesurer ?

"Le 'Bonheur national brut', c’est un peu comme un super 'Produit national brut'", résume Anne Le Gall. 1:27
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par Anne Le Gall, édité par F.R. , modifié à
VIDÉO - L'idée vient du Bhoutan où elle guide la politique économie locale depuis les années 70. Et en France, on pourrait se convertir au "bonheur" ?

Oubliez les PIB, PNB, indicateurs de croissance et de développement... Place au bonheur ! Depuis 1972, "le gouvernement du Bhoutan tient compte de l’impact de chaque décision économique sur la population et sur son environnement". Et mesure ainsi le "Bonheur national brut". Le quoi ? "C’est un peu comme un super 'Produit national brut'. Ce qu’il y a de mieux, c’est que le PNB mesure la valeur marchande des biens et services créés chaque année par un pays. Et le 'Bonheur national brut' va au-delà. Il tient aussi compte de l’impact sur l’environnement et de l’impact sur le bien-être de la population", résume Anne Le Gall, présentatrice de l'émission Circuits Courts sur Europe 1. 

L’émission "Circuits Courts" du jeudi 12 avril est consacrée à la question de la mesure du bonheur. De 13h15 à 14h, autour d’Anne Le Gall et Maxime Switek, l’économiste Mickaël Mangot et le sénateur Franck Montaugé débattent du bien-fondé de la notion de "Bonheur national brut". L’émission est à suivre en direct sur Europe 1 ici.

L'expérience du Bhoutan. Pour revenir aux origines du "Bonheur national brut", il faut donc prendre la direction de l'Himalaya. "Le Bhoutan, c'est un petit pays coincé entre l’Inde et la Chine et qui a la taille de la Suisse avec 700.000 habitants", rappelle Anne Le Gall. Depuis les années 70, toute la politique économique locale est guidée par cet idéal de bonheur. "C’est pour ça que dans ce pays, on ne déforeste plus à tort et à travers, il y a 80% du territoire qui est couvert par la forêt. On a cessé l’extraction minière puisque ça abîme l’environnement. Et puis autre exemple, il n’y a pas de publicité, puisque le gouvernement a décidé que la publicité conduisait à la surconsommation et que la surconsommation, c’était pas forcément une source de bonheur", explique encore Anne Le Gall.

Evidemment, le Bhoutan n'est pas la France mais... "En France, on est loin du Bhoutan", fait remarquer la journaliste d'Europe 1 dans un sourire. De fait, le Bhoutan est un pays confetti par rapport à la France, de tradition bouddhiste et qui est resté fermé au monde pendant des siècles. Jusque dans les années 60, il n'avait même pas de monnaie ! Après trois décennies de politique orientée autour du "bonheur", des critiques se font d'ailleurs entendre parmi une population qui reste confrontée à la pauvreté et au manque de perspectives d'avenir, notamment parmi les plus jeunes.

Au fait, c'est quoi le bonheur ? Gaétan Supertino, journaliste "développement personnel" vous répond 

"Mais ce sujet du 'Bonheur national brut' arrive en France parce qu’avec le chômage, la précarité, le burn-out, le réchauffement climatique, avec la limitation des ressources, toutes ces notions de développement durable et d’économie durable deviennent très tendance aussi en France. Il y a notamment des parlementaires qui planchent pour que l’on crée un nouvel indicateur économique officiel qui soit inspiré du 'bonheur national brut'", précise Anne Le Gall. 

Montage : Agathe Deschamps