avion Air France 1:31
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Aurélien Fleurot, édité par Gauthier Delomez , modifié à
Plusieurs compagnies aériennes européennes se retrouvent à devoir faire voler leurs avions, même vides, pour ne pas perdre leurs créneaux si chèrement obtenus dans les aéroports. Au total, 18.000 vols "inutiles" devront être effectués cette année. Une situation ubuesque que doit régler la Commission européenne.

Mettre en place un ambitieux plan climat qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% d'ici 2030, et en même temps, faire voler des avions vides à cause de sa réglementation. Un casse-tête pour la Commission européenne, dont les règles prévoient qu'une compagnie aérienne doit assurer 80% de ses créneaux d'atterrissage et de décollage, faute de les perdre la saison suivante. Si la réglementation a été allégée à hauteur de 50% il y a quelques mois, près de 18.000 vols "inutiles" seront effectués, regrette le PDG de la compagnie allemande Lufthansa.

Les compagnies low-cost en quête de nouveaux créneaux

L'allégement de la réglementation avait fait consensus, mais la vague du variant Omicron du Covid-19 a douché les espoirs d'une reprise du trafic aérien. Les compagnies historiques, très présentes sur long-courrier, doivent faire face à la concurrence de compagnies low-cost, prêtes à sauter sur ces créneaux pour se les approprier. Des compagnies comme Wizzair ou Ryanair, dont les finances ne sont pas exsangues, sont à l'affût pour y placer leurs avions court et moyen-courrier, alors qu'une compagnie comme Lufthansa peine à remplir tous ses vols entre Francfort et New-York.

"On aurait, une fois la crise passée et la remontée du trafic aérien, un décalage entre ces deux types de compagnies. C'est donc une équation très difficile à résoudre pour les aéroports et pour la Commission européenne", précise Didier Bréchemier, associé au cabinet Roland Berger et spécialiste du secteur aérien.

La demande d'abaisser encore le seuil d'utilisation

Parmi les compagnies concernées au sein du groupe Lufthansa, Brussels Airlines a annoncé qu'elle devra procéder à 3.000 vols vides, ou presque. Une situation incompréhensible pour le ministre fédéral belge de la Mobilité, Georges Gilkinet, qui a adressé une lettre à la commissaire européenne aux Transports, Adina Valean. Il demande d’abaisser encore le seuil d’utilisation des créneaux et d’offrir davantage de flexibilité aux compagnies aériennes pour organiser leurs vols.

Une demande poussée également par Air France, même si la compagnie française n'est pour l'instant pas concernée et n'a "pas prévu" de faire voler des avions à vide.