DOMINIQUE FAGET / AFP 0:51
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avec Olivier Samain et AFP
À l'issue d'une réunion très tendue de près de sept heures, jeudi soir, les syndicats ont menacé le patronat de ne pas assister à l'ultime réunion de négociations sur l'assurance chômage en cas de statu quo.

Négociations bloquées à l'assurance-chômage. Au terme d'une réunion longue de près de sept heures, dans un climat tendu, les syndicats ont donné jeudi soir une dernière chance au patronat pour proposer d'ici mardi un projet d'accord avec une disposition de type "bonus-malus" sur les contrats courts. Sinon, affirment les organisations, elles ne viendront pas à l'ultime réunion prévue mercredi.

Les syndicats "fixés le 19". "On est tous d'accord, on sera fixés le 19 et on viendra le 20 uniquement s'il y a un document" comprenant un mécanisme de bonus-malus, c'est-à-dire une "modulation" des cotisations assurance chômage des entreprises en fonction de leur recours aux CDD, a déclaré à l'issue d'une longue séance Marylise Léon (CFDT). 

"Au pied du mur". "Les cinq organisations syndicales ont été fermes : s'il n'y a pas de bonus-malus dans le projet d'accord, il n'y aura pas d'accord", a renchéri Michel Beaugas (FO). "La balle est dans le camp du patronat" pour Eric Courpotin (CFTC). "Ils sont au pied du mur", résume Marylise Léon de la CFDT : "Soit ils discutent avec nous d'une forme de modulation de cotisation et on est prêt à regarder les critères, soit ils se font imposer ceux du gouvernement." 

" On a un patronat qui est complètement accro à la précarité et qui ne veut pas entendre parler d'aucun système de régulation "

Selon les syndicats, la CPME (petites entreprises) et l'U2P (artisans et commerçants) ont semblé sur une ligne moins fermée que le Medef et sensibles notamment à une proposition de FO sur le bonus-malus "où 82% des entreprises sont gagnantes". "Peut-être se disent-ils qu'il vaut mieux négocier avec nous" qu'avec Emmanuel Macron, a ironisé Michel Beaugas. Le chef de l'Etat s'est engagé à imposer un bonus-malus en cas d'échec des négociations, au grand dam du patronat.

Patronat "accro à la précarité". "Les syndicats ont fait un prérequis" du bonus-malus, a déploré le négociateur du Medef, Hubert Mongon. Les trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P) se sont engagées à consulter leurs instances d'ici le 19 pour leur demander si elles pouvaient revenir avec un mandat sur une proposition de type bonus-malus, ce qu'elles ont toujours rejeté catégoriquement jusqu'ici, ont indiqué les syndicats. 

Michel Beaugas "n'y croit cependant que très modérément" alors que pour Denis Gravouil (CGT), "les négociations se sont vraisemblablement terminées ce soir [jeudi soir, NDLR]". "On a un patronat qui est complètement accro à la précarité et qui ne veut pas entendre parler d'aucun système de régulation, qui veut mettre éventuellement quelques pansements sur la précarité mais qui ne veut surtout pas la remettre en cause", dénonce-t-il.

Les propositions du patronat rejetées. Les syndicats ont unanimement rejeté les "mesurettes" proposées jeudi par le patronat pour réduire la précarité dans son projet d'accord. "Une liste de bonnes intentions", a dénoncé Jean-François Foucard (CFE-CGC). À la place du bonus-malus, le patronat suggérait de revoir les règles des "CDD d'usage", des CDD dérogatoires sans limitation de renouvellement ni versement d'indemnité de fin de contrat. Ils se sont très largement développés sans contrôle dans l'hôtellerie-restauration, le spectacle, les services à la personne… L'employeur verserait au salarié une prime de précarité dès lors que ce dernier a bénéficié "d'au moins 4 CDD d'usage au cours des 6 derniers mois". Cette proposition a été balayée par les syndicats car elle ne concernerait "que 10% des contrats courts (moins d'un mois)", selon Marylise Léon.