Air France entame un nouveau bras-de-fer avec ses pilotes

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La direction de la compagnie aérienne menace de supprimer certaines lignes, et donc des emplois, si les pilotes continuent à refuser de négocier un nouvel accord de compétitivité.

Il y a tout juste un an, les pilotes d'Air France entamaient une grève historique de par sa longueur et sa violence, un conflit au terme duquel direction et syndicat promettaient d'engager un dialogue plus apaisé. Ce n'est toujours pas le cas : n'arrivant pas à obtenir un accord des syndicats de pilotes, et plus particulièrement du SNPL, la direction de la compagnie aérienne a haussé le ton vendredi en Comité central d'entreprise. Et la menace est sérieuse puisque Air France menace de supprimer certaines lignes, et les emplois qui vont avec, s'il n'arrive pas à finaliser son nouveau plan de restructuration baptisé Perform 2020.

Air France en plein marasme. La direction de la compagnie aérienne négocie depuis des mois le Plan Perform 2020, successeur de Transform (2012-2015) et censé lui permettre de regagner en compétitivité. Car Air France s'enlise dangereusement : l'entreprise perd de l'argent depuis 2008 mais aussi des parts de marché. Les compagnies low cost prennent sa place sur les vols court et moyen-courriers, tandis que les compagnies du Golfe arabique l'affronte sur les long-courriers et les offres de luxe.

L'entreprise doit donc s'adapter à la nouvelle donne et la direction a sa petite idée pour y arriver : le Plan Perform 2020. Ce plan stratégique repose sur plusieurs grands axes : une réduction des coûts de l'ordre de 1,5% par an, le développement de Transavia pour répondre aux rivaux low cost et une montée en gamme d'Air France pour rivaliser avec Fly Emirates, Etihad et autres Qatar Airways.

Les pilotes au coeur des débats. Si la montée en gamme de l'offre long-courrier ne pose aucun problème en interne, les deux autres axes provoquent de vifs remous. Et notamment parmi les pilotes d'Air France, pour qui ce plan est synonyme d'une augmentation des heures de vols sans compensation et de mutation forcées vers Transavia. Les pilotes bataillent donc contre cette feuille de route, comme ils l'ont fait l'année dernière. Selon la direction d'Air France, la direction du SNPL boycotte même les réunions de négociation.

En face, la direction commence à perdre patience. D'abord parce que les pilotes jouissent d'un statut très favorable par rapport aux autres corps de métier de l'entreprise, ensuite parce qu'ils sont les seuls à ne pas avoir respecté les objectifs fixés par le précédent plan baptisé Perform 2015. La direction n'a donc pas hésité à hausser le ton vendredi en agitant une menace très sérieuse : faute d'accord, elle engagera "une baisse de 10% du programme long-courrier". Une réduction du nombre de vols qui entrainerait inévitablement une baisse des effectifs et cette fois-ci il n'est plus question de plans de départs volontaires : il s'agirait cette fois-ci de "départs contraints".

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Air France annonçait la veille qu'elle réfléchissait à lancer une compagnie low cost long-courrier. La direction devrait préciser ses intentions lors du prochain CCE qui se tiendra les 24 et 25 septembre, ou après le conseil d'administration du 2 octobre. Un CCE extraordinaire devrait avoir lieu le 5 octobre, a-t-on appris de sources syndicales.