Une maison pour composer une nouvelle famille (partie 3)

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Chacun chez soi

Chacun chez soi

 

 

 

Les nouveaux arbitres

 

Prenons le cas, permis par l’existence de ressources suffisantes, du couple qui choisit de ne pas cohabiter. Chacun chez soi avec ses enfants, donc. Ce choix coûteux assure l’indépendance de chacune des familles et protège aussi longtemps que faire se peut la famille qui vient de se désunir. Mais ce choix est surtout lié au refus par les enfants du nouveau compagnon ou de la nouvelle compagne de leur parent.

 

Ce sont les enfants qui décident du mode d’habitation, implicitement ou explicitement. C’est le parent qui se soumet à cette décision, à son secret détriment personnel dans certains cas ou, dans d’autres cas, à sa discrète satisfaction et pour des raisons qu’il veut garder pour lui pour le moment. Car deux maisons donnent au nouveau couple le temps d’évaluer l’espérance de vie que l’un et l’autre donne à leur union. Elles permettent aussi de laisser plus d’espace au refus d’engagement.

 

 

 

Dans leurs meubles

 

Le mode de vie « chacun chez soi » a ceci de particulier qu’il donne aux enfants la possibilité de s’inscrire librement dans la maison de leur parent gardien. La chose est également vraie pour ce dernier. Parent et enfants peuvent approprier la maison à leur guise. Ils peuvent aussi le faire dans une certaine continuité avec la vie de famille qu’ils ont connue jusqu’ici. Leurs meubles, leurs vêtements, leurs jouets et leurs souvenirs personnels n’entrent pas en concurrence avec ceux d’autres enfants étrangers ni avec ceux d’un autre parent. Tous peuvent garder ce qui comporte leurs traces identitaires et garder vivante la légitimité de leur passé.

 

 

 

Le temps que cela durera

 

Mais pour combien de temps le couple vivra-t-il chacun chez soi ? Les façons de faire, de nos jours, varient. Parfois, la double résidence du couple dure le temps que les enfants grandissent et quittent le foyer de leur parent. Dans d’autres cas, elle dure le temps que les enfants de l’un et de l’autre deviennent familiers et peut-être même amis, on l’espère. Enfin, elle peut durer le temps qu’il faut au couple pour se consolider et avoir les moyens psychologiques et affectifs de souder une nouvelle famille en dépit des circulations matérielles et d’enfants entre le nouveau foyer et ceux des ex. La question « combien de temps avant d’être ensemble dans une seule maison ? » introduit une incertitude, un sentiment de « wait and see » dans le sentiment de la maison qui n’est pas facile à vivre et qui exige que l’on renonce au souhait « normal » d’une vie de couple qui s’inscrit dans la durée, la stabilité et un lieu d’habitation commun.

 

La maison et la durée forment un couple fort. L’attente, l’interrogation et l’incertitude exigent à la fois une adaptation intime et la capacité personnelle d’assumer une façon de vivre qui rompt avec les façons traditionnelles de concevoir la vie de couple. Elles exigent donc une véritable liberté intérieure.

 

 

 

 

 

Un chez-soi en plusieurs lieux

 

Certaines catégories sociales changent souvent de maison pendant une période de leur vie. C’est le cas des étudiants, de certains cadres supérieurs qui conduisent leur carrière au niveau international ou de certains hommes d’affaires. Certaines catégories d’âge changent de maison à certains tournants de leur vie. C’est le cas des familles qui s’agrandissent ou des personnes âgées qui renoncent à leur maison pour aller vivre, par exemple, en maison de retraite. Mais, d’une manière générale, pour la majorité des gens, habiter signifie « habiter quelque part », en un lieu, à une adresse, dans un quartier.

 

La famille recomposée formée de deux familles habitant deux maisons oblige à penser différemment l’idée qu’on n’habite qu’un seul endroit. Car les parents comme les enfants circulent entre les deux maisons à leurs rythmes propres. Ils se voient et se revoient et cette répétitivité crée des habitudes et des rituels. Certaines fêtes familiales, par exemple, ont toujours lieu dans l’une des deux maisons. On se retrouve dans l’autre pour d’autres occasions. Avec le temps, une spécialisation et une complémentarité se dessinent. La maison de l’un se dote peu à peu d’une sorte d’annexe, qui est la maison de l’autre. Ainsi habite-t-on d’une nouvelle façon une maison qui, elle aussi, se recompose.

 

 

 

 

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