Une entrée, un seuil pour les civilités d'usage

  • Copié
www.toutsurlimmo.com , modifié à
On sonne à la porte. C’est peut-être la voisine ou une amie qui vient rendre visite sans s’être annoncée. Avant tout mouvement vers la porte, dans l’espace de quelques secondes, on se pose toute une série de questions....

On sonne à la porte. C’est peut-être la voisine ou une amie qui vient rendre visite sans s’être annoncée. Avant tout mouvement vers la porte, dans l’espace de quelques secondes, on se pose toute une série de questions....

 

 

 

 

 

 

Qui est-ce ? Est-il prudent d’ouvrir ? Ai-je envie de voir quelqu’un ? Suis-je présentable ? Je pourrais ne pas ouvrir mais, tout de même, ne serait-ce pas un peu honteux ?

 

L’importance du seuil se trouve dans ces questions qui, toutes, montrent que nous considérons notre chez-soi comme un endroit sacré. Et celui qui sonne à la porte apporte avec lui le monde extérieur et tout ce qu’il comporte d’inconnu.

 

Bien sûr, l’ami, le cousin ou le facteur ne représentent pas le même « taux de risque » ! Nous savons faire la différence entre l’étranger complet (le vendeur de porte à porte), l’étranger familier (un voisin) et le cercle de nos proches. Mais tout visiteur représente le dehors qui franchit notre frontière dès notre porte ouverte pour l’accueillir.

 

 

 

La porte, qui s’ouvre à la fois sur l’intérieur et l’en dehors de chez nous ne fait barrière qu’en pointillé. Là se situe le risque de l’intrusion, et c’est ce risque qu’il faut maîtriser.

 

Mais cette maîtrise ne doit pas empêcher l’hospitalité, qui est une valeur que nous respectons. D’ailleurs, nous sommes tous convaincus d’être hospitaliers. Nous savons donc qu’il faut à la fois faire bon accueil au visiteur tout en limitant les risques d’intrusion. Comment s’y prendre ?

 

 

 

 

Où il est question de cérémonies

 

Le seuil invite à entrer mais il arrête aussi le mouvement de cette entrée. Une pause qui signifie que le visiteur n’est pas tout à fait dehors mais qu’il n’est encore vraiment à l’intérieur de la maison ! Et toutes les cultures font un usage bien particulier de ce moment et de cet endroit. Les japonais veulent que l’on se déchausse sur le seuil et qu’on manifeste ainsi clairement la différence entre la rue (sale, collective) et la maison (propre, privée).

 

Les français accueillent sur le seuil et échangent les salutations avec leurs hôtes avant de les inviter à entrer. C’est là qu’ils reçoivent les cadeaux qu’apportent leurs hôtes en autant d’offrandes de paix. Sur le seuil, on se salue, on se reconnaît mutuellement en état de bonne entente, on rassure donc l’habitant sur nos bonnes intentions avant d’entrer chez lui.

 

 

 

 

 

Maître et gardien de ma porte

 

Nous faisons « parler » en maître de notre intérieur notre porte qui, ouverte ou entr’ouverte, traduit que notre accueil est plus ou moins généreux. Nous combinons aussi l’endroit avec le temps qu’on y passe. Une conversation sur le seuil de la maison peut ainsi prendre mille colorations différentes. C’est là que l’on peut parler une grande heure avec une voisine qu’on n’invitera pourtant pas à entrer ! C’est lui dire qu’on est amical et de bon voisinage mais qu’on ne recherche pas l’intimité.

 

Un vieil ami reçu sur le seuil seulement comprendra qu’on prend ses distances avec lui … les combinaisons entre le lieu (le seuil), la durée, les circonstances (pressé, pas pressé, etc.) et l’identité de l’hôte sont nombreuses, subtiles, et pourtant le sens de chacune nous est familier.

 

 

 

 

Sur le pas de la porte et jusqu’à la porte

 

La tradition juive et, à sa suite, nos cultures judéo-chrétiennes établissent comme un devoir d’accueillir ses hôtes sur le seuil et de les reconduire jusqu’à la porte.

 

Par l’accueil sur le seuil, l’habitant met sa confiance dans l’hôte qui a alors, à son tour, le devoir de se comporter de manière honnête et civile à l’égard de l’habitant. D’ailleurs, longtemps, les hôtes déposaient leurs armes en franchissant le seuil d’une demeure où ils étaient accueillis. Pensons aux romans, aux films, aux contes : quoi de plus traître qu’un invité qui vole, trompe ou tue son hôte chez lui ?

 

En reconduisant son invité jusqu’au seuil, on exprime la satisfaction d’avoir été entre gens civilisés. Mais surtout on exprime estime et respect pour celui qui est venu vous honorer de sa visite. On se reconnaît mutuellement entre êtres humains jouissant de la même dignité. Sur le seuil, chacun, en somme, donne pour mieux recevoir !

 

 

http://perlaserfaty.net