Ryanair drague les voyageurs d’affaires

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Noémi Marois avec AFP
AVIATION - La compagnie low-cost a annoncé mercredi le lancement d’une nouvelle offre, destinée  aux voyageurs d’affaires. Un an après Easyjet. 

Les compagnies low-cost , ce n’est plus seulement les touristes désargentés. Avec un an de retard sur son concurrent Easyjet, Ryanair se décide à son tour à séduire les voyageurs d’affaires avec son offre « Business Plus » dévoilée mercredi. La compagnie irlandaise compte bien profiter des faveurs des entreprises qui plébiscite désormais  le  low-cost. Ce mode de voyage capte aujourd’hui 26 % des dépenses aériennes d’affaires en Europe, contre moins de 10 % avant 2008.

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75 euros pour quelques privilèges. L’offre « Business Plus » rend possible l’enregistrement de 20kg de bagages sans supplément, un passage prioritaire des filtres de sécurité et lors de l’embarquement. Les « Business Plus » pourront aussi débarquer plus vite grâce à des sièges « premium » situés près des sorties. Cette offre commencera à 75 euros, pour les prix les plus bas. C’est évidemment plus cher qu’un billet traditionnel Ryanair qui débute à 25 euros. 

En revanche, que les voyageurs d’affaires ne s’attendent pas à mieux à l’avenir à bord de l'avion : « Nos clients se moquent bien d’avoir du mauvais café, des sandwichs mous ou un rideau tendu dans la cabine », a déclaré Kenny Jacobs, directeur du marketing de Ryanair.

Séduire encore plus de voyageurs d’affaires. Ryanair pourtant attire déjà une clientèle d’affaires confortable. C’est un quart de ses passagers, 20 millions de clients, sur un total de 83 millions.« Business Plus » doit permettre à la compagnie low cost d’atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés pour 2022 : transporter 120 millions de passagers dont 30 à 36 millions de voyageurs d’affaires. 

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Redorer le blason de Ryan Air. Mais atteindre les 120 millions de passagers d’ici 2022, cela passe par une image redorée. Ryanair a, en effet, souffert ces dernières années d’une dégradation de son image. L’enregistrement des bagages, mis en place en 2006, d’abord d’un coût de 3 euros, avait enflé, atteignant les 94 euros sur certains vols. L’impression de chez soi de la carte d’embarquement coûtait 40 euros, et 20 euros de plus si on le faisait de l’aéroport. Bref, le passager Ryanair avait la fâcheuse impression d’être une vache-à-lait. La compagnie irlandaise a encore été élue plus mauvaise marque du marché britannique 2013 par les lecteurs du magazine Which ?.

L’offre « Business Plus » fait partie d’un plan plus large de reconquête du public. Ryanair a déjà décidé de baisser ses frais annexes et autorise désormais les sacs cabine. 

Se remplir aussi les poches. Ryanair en offrant des privilèges à une partie de ses voyageurs, compte aussi gagner plus d’argent. En moyenne par passager, la compagnie irlandaise gagne 30% de moins que sa concurrente low cost Easy Jet. 

Ryanair, une longueur de retard ? Ryanair qui a eu longtemps le privilège de l’innovation, a, sur cette nouvelle offre, une longueur de retard.  En 2013, la compagnie anglaise Easy Jet avait mis en place un tarif débutant à 69 euros,  comprenant l’enregistrement des bagages, un changement de date sans frais et un passage accéléré aux points de sécurité.

Easy Jet garde a aussi d’autres jokers dans sa poche. En plus d’avoir une offre affaire un peu moins chère,  elle dessert les destinations majeures alors que Ryan Air vous fait atterrir dans des aéroports secondaires. Vous ferez ainsi un Paris Beauvais-Milan Bergame avec Ryan Air, un Paris Orly-Milan Linate avec Easy Jet. Un point sur lequel Ryan Air devra s’améliorer si elle veut séduire pour de bon les cadres pressés, qui ne veulent sans doute pas atterrir à grande distance des centres d’affaires. Mais la compagnie irlandaise saurait-elle se passer des subventions abondantes qu’elle reçoit des petits aéroports ? 

Autre frein, Ryan Air n’accepte pas  les « cartes logées », c'est-à-dire les paiements via des comptes enregistrés chez une agence de voyages, plébiscitées par les entreprises qui y voient un moyen de suivre et d’analyser leurs commandes.

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