Renault : "Faites nous confiance"

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avec Martial You , modifié à
Patrick Pélata, numéro 2 du groupe, a justifié les sorties de son P-dg dans l'affaire d'espionnage.

Le programme de développement de la voiture électrique de Renault a-t-il été espionné ? Si l’enquête n’a pour l’instant permis d’apporter aucune certitude, les langues commencent à se délier. Face au doute qui va grandissant parmi les troupes du constructeur automobile, Patrick Pélata, directeur général délégué du groupe, a accepté de répondre aux questions d’Europe 1.

“Des moments difficiles“

Renault a affirmé avoir assez de preuve pour engager une procédure de licenciement de trois de ses cadres, dont un membre du comité directeur. Michel Balthazard, Bertrand Rochette et Matthieu Tenenbaum ont donc été mis à pied, mais ces derniers contestent toutes les accusations d'espionnage industriel.

La mise en cause de cadres aussi haut placés a bien évidemment affecté Patrick Pélata. “C’est des gens avec lesquels on a travaillé. Quand vous êtes en tête-à-tête avec quelqu’un qui vous dit quelque chose qui est le contraire de ce que vous savez, c’est toujours des moments difficiles“, raconte-t-il.

“Le management, c’est ça, on n’est pas le bon dieu“

Alors que Carlos Ghosn se montrait très affirmatif dans ses accusations, le dimanche 23 janvier dans les colonnes du JDD, ce dernier s’est montré plus prudent, vendredi 11 janvier sur RTL. Le Pdg de l’alliance Renault-Nissan a alors évoqué une décision collégiale, déclarant avoir fait confiance au patron du comité de déontologie.

“Ecoutez, le patron du comité de déontologie est le chef des services juridiques de l'entreprise. Donc, cela m'étonnerait qu'il y ait eu des choses qui aient été faites qui soient en dehors de la légalité“, a déclaré Carlos Ghosn.

“Le management, c’est ça, on n’est pas le bon dieu“, commente Patrick Pélata, avant d’ajouter : “vous n’êtes jamais au courant de tous les détails quand on décide sur un grand programme : vous faites confiance à des dizaines et des dizaines de gens qui vous apportent des chiffres, des éléments tangibles, pour décider“. “C’est ce qui s’est passé (dans les décisions sur l’affaire d’espionnage, ndlr)“, poursuit-il.

“Il y a des décisions qu’on ne peut pas expliquer“

Répondant aux doutes d’une partie des salariés du groupe automobile, le numéro 2 de Renault se fait pédagogique et décrypte la gestion de l’affaire en interne. “Il y a le moment où il faut faire confiance à une direction. Dans l’entreprise, on a besoin à la fois de convictions et de discipline, on n’explique pas absolument toutes les décisions, on en explique un maximum mais il y a des décisions qu’on ne peut pas expliquer“, détaille Patrick Pélata.

“On est simplement obligé dans ce cas-là de dire aux gens ‘faites-nous confiance’. Si on a fait cela, ce qui est une décision pénible pour Renault, on ne se sépare pas de trois cadres importants, dont un qui appartenait à la direction générale, sans que ce soit une peine. Mais simplement il y a un moment où il faut bien décider“, poursuit-il.

Regardez l’interview de Patrick Pelata dans son intégralité :