Révolution sous le capot ! Depuis ses débuts il y a 65 ans, la Formule 1 n’a eu de cesse d’évoluer, pour offrir toujours plus de spectacle et sécurité. Mais aussi pour limiter ses coûts très élevés. Alors que la saison 2014 s’ouvre ce week-end avec le Grand Prix d’Australie, ce sport s’apprête à vivre une révolution sans précédent avec l’introduction d’un nouveau type de moteur et d’un double système d’hybridation. Explications.
Adieu V8, bonjour V6. Introduits en 2006, les moteurs V8 atmosphériques de 2,4 l (2.400 cm3) disparaissent. Avec l’arrivée du V6 turbo 1,6 l (1.600 cm3) hybride à injection directe d’essence, la F1 renoue avec les turbocompresseurs, comme c’était le cas dans les années 80.
Pourquoi est-ce révolutionnaire ? Beaucoup plus petits que leurs prédécesseurs, ces nouveaux moteurs n’embarquent pas un, mais bien deux systèmes d’hybridation. C’est à dire que de l’énergie peut être récupérée de deux manières différentes pour être restituée par la suite. Comme c’était déjà le cas depuis 2009, quand la F1 freine, l’énergie cinétique dégagée par les disques de freins des roues arrière est récoltée par un moteur-générateur électrique, qui la redistribue à une batterie.
Le deuxième système est novateur. Près d’un tiers du carburant entré dans le moteur n’est pas utilisé pour rouler et se transforme en gaz d’échappement. Placé sur l’axe du turbo, une autre machine électrique récupère une partie de l’énergie cinétique et thermique produite par ces gaz pour la transmettre à la batterie. En clair, une bonne part de l’énergie qui aurait dû être gaspillée est recyclée en électricité.
Une fois stockée dans la batterie, l’énergie peut être utilisée de deux manières : soit elle file vers le turbocompresseur pour permettre à la Formule 1 d’accélérer plus rapidement, après un virage lent par exemple. En pleine ligne droite, l’électricité retourne vers le moteur électrique qui offre alors 162ch supplémentaires au V6 principal, doté lui de 600ch en temps normal. Tout est calculé par un boitier électronique qui analyse la manière dont le pilote enfonce la pédale d’accélération.
Quel intérêt ? Les nouvelles F1 parcourront l’intégralité des courses en consommant environ 40% d’énergie en moins qu’en 2013. Il sera impossible de tricher, les voitures ne pourront prendre le départ qu’avec 100 kg d’essence maximum dans leurs réservoirs, contre 150 kg l’an passé.
Ces moteurs se devront par ailleurs d’être plus fiables : une voiture n’en aura que 5 pour courir les 19 Grand Prix de cette année. Un de plus, et elle sera pénalisée.
Et sur la piste ? Moins puissantes et plus lourdes, il est prévu que les voitures perdent plusieurs secondes au tour comparé aux années précédentes. Mais cette technologie impose un nouveau style de pilotage qui devrait offrir du beau spectacle en course. Sans compter que les cartes risquent fortement d’êtres redistribuées. De quoi remettre en question la domination de Red Bull et de l’allemand Sebastian Vettel, quadruples champions du monde en titre ? Mercedes-Benz, Ferrari et Renault, les trois motoristes officiels du championnat, ont la pression.