"Pas là pour jouer les loups-garous"

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Raphaël Hadas-Lebel, président du COR, a déclaré ne pas tenir un discours anxiogène sur les retraites.

"L’effet de la crise, c’est l’accélération de l’histoire", si bien que " dès 2010, le problème (des retraites) se pose ", a déclaré jeudi sur Europe 1 Raphaël Hadas-Lebel, président du Conseil d’Orientation des Retraites (COR).

"Nous avons fait en 2007, c'est-à-dire avant la crise, d’autres projections sur 2020 et 2050 et les soucis que nous avions c’était plutôt aux alentours de 2020, avec 25 milliards" de déficit prévus. "Aujourd’hui, ce n’est pas 25 milliards, c’est 30 milliards dont nous avons besoin et dès 2010", puis 70 milliardds en 2050, a-t-il déclaré, avant de prévenir : "Ce n’est pas de la science-fiction."

Le COR ne se veut pas alarmiste pour autant, a expliqué Raphaël Hadas-Lebel : "Nous ne sommes pas là pour jouer les loups-garous ou les épouvantails." "La décision appartient au gouvernement et aux partenaires sociaux, ce que nous donnons nous, c’est les éléments d’observation et de choix", a-t-il ajouté.

Le but du COR est de fournir "des données précises et concrètes sur la situation des régimes de retraites". "Il y aura probablement des interprétations différentes de nos chiffres, ce qui est totalement normal", a prévenu Raphaël Hadas-Lebel, mais le COR est "totalement indépendant" : "On ne peut pas être le masque du pouvoir" dans une institution de 40 personnes, avec des parlementaires de tous bords, des patrons et des syndicats".

Réformer par petites touches

"Il y a deux formules : ou bien on fait un grand Big bang des retraites, mais cela implique une vraie révolution que la France a du mal à accepter. Ou bien on fait des évolutions progressives, des améliorations régulières. C’est plutôt la méthode vers laquelle on s’oriente pour le moment", a confié le président du COR.

Eviter la rupture avec les jeunes générations

La réforme du système des retraites ne peut se faire sans mettre au cœur du débat les jeunes générations, a tenu à préciser Raphaël Hadas-Lebel. "Sur les financements, c’est le choix du gouvernement et des partenaires sociaux. En revanche, il faut éviter que nous mettions la charge uniquement sur les jeunes générations".

"Dans la répartition, les gens qui travaillent aujourd’hui payent pour les retraités d’aujourd’hui. Un beau jour, les jeunes générations ne voudront plus payer si elles ont le sentiment que, elles, n’auront pas de retraites", a-t-il conclu.

- Les propos du président du Conseil d'Orientation des Retraites sont-ils inquiétants ?