Mortalité des abeilles : des ruches touchées à 100%

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Stéphane Place et Noémi Marois , modifié à
AGRICULTURE - Certaines ruches connaissent une surmortalité inédite depuis cet hiver, les insecticides sont pointés du doigt.

La mortalité a déjà beaucoup frappé les abeilles ces dernières années mais on devrait battre des records cet hiver. Les apiculteurs s'inquiètent en effet de la diminution importante de leurs colonies. En Charente et en Charente-Maritime, la mortalité peut aller jusqu'à 100% dans certaines ruches. 

100 abeilles au lieu de 10.000. Isabelle Garnier, apicultrice charentaise, constate le drame en ouvrant une de ses ruches : "En tapant sur ma ruche, je devrais entendre un bourdonnement et je ne l'entends pas". "Maintenant, en l'ouvrant, normalement, sur l'hivernage, j'ai 10 à 15.000 abeilles alors que là, il me reste 100 abeilles dans ma ruche", poursuit-elle. Pour elle, "généralement, l'hiver se passe bien avec 5% de mortalité". Aujourd'hui, elle déplore "66%", "80%" et parfois "100%" de mortalité. 

Regardez les images tournées par Stéphane Place, le correspondant d'Europe 1 dans le sud-ouest :

"Il me reste 100 abeilles dans ma ruche"par Europe1fr

Des insecticides en cause ? Et le recensement ne fait que commencer. Le président du syndicat apicole de la Charente-Maritime, Christian Girodet, est inquiet : "nous pensons qu'elles sont probablement mortes intoxiquées durant l'automne". "Durant cette période, les apiculteurs ont constaté que des traitements ont été faits sur la vigne notamment et aussi sur certaines céréales qui avaient des pucerons et l'abeille va souvent butiner après les pucerons",  explique-t-il à Europe 1. Les abeilles "absorbent alors l'insecticide et meurent sur le coup puisque ce sont des produits très puissants", ajoute-t-il.

De moins en moins de ruches et d'apiculteurs. Cette surmortalité inédite est un nouveau coup dur pour les apiculteurs français qui produisent déjà de moins en moins. En 1995, ils ont fabriqué 32.000 tonnes de miel. En 2011, la production est tombée à 20.000 tonnes et en 2013,  ils n’en fournissaient plus que 15.000 tonnes. 

Les apiculteurs sont par conséquent de plus en plus nombreux à mettre la clef sous la porte. En 1994, on comptait en France près de 85.000 apiculteurs. En 2010, ils n’étaient plus que 42.000, soit une baisse de 40% en 20 ans. 

La pollinisation et la survie des cultures. Et pour l'environnement, la conséquence est tout aussi dramatique. Les abeilles sont les maîtres d'œuvre principaux de la pollinisation dont dépendent pourtant les agriculteurs. 
Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture), sur les 100 cultures qui produisent 90% de l'alimentation mondiale, 71 dépendent du travail des abeilles.

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