"Malade mental": polémique chez Babybel

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Le groupe Bel a présenté ses excuses aux personnes en situation de handicap suite à une opération marketing.

"Des vacances de malade mental." C'est ce que peuvent lire les enfants qui achètent certains sachets de Mini Babybel depuis début juillet. Le groupe Bel a fait inscrire la phrase sur un jouet, un tampon encreur, fourni avec le sachet, dans le cadre d'une opération marketing, rapporte un article du Parisien mercredi.

Mais le cadeau n'est pas du goût de tous et a provoqué l'ire des associations de parents d'enfants en situation de handicap. L'Unapei, l'Union nationale des associations de parents de personnes handicapées mentales, a même appelé lundi au boycott des Mini Babybel.

"Alors, on a passé des vacances de malade mental?"

"Il faut arrêter d'utiliser des mots que ne correspondent pas à la réalité. S'adresser ainsi aux enfants, consommateurs captifs de ces produits, sur de supports quasi-pédagogiques que sont les tampons encreurs est un fait grave. Ils peuvent se sentir autorisés à reprendre cette terminologie face à un petit déficient intellectuel", s'insurge Christel Prado, présidente de l'Unapei. "On n'imagine pas les dégâts que cela peut occasionner", ajoute-t-elle.

Contacté par Europe1, la présidente de l'Unapei n'hésite pas à parler de procédé "discriminatoire". "Imaginez à la rentrée qu'un enfant avec une déficience mentale entre dans une classe ordinaire. Il y a un risque que ses camarades le narguent et lui demandent : 'alors, on a passé des vacances de malade mental'? Il n'aura aucun moyen de défense", insiste-elle.

Le groupe Bel avait justifié le choix de cette phrase sur sa page Facebook, en indiquant que le mot mental "se rapportait [à l'origine] au fromage Emmental". Mais il a fini par présenter ses excuses, comme le rapporte le quotidien.

Bel présente ses excuses et jette ses stocks

"Bel est tout prêt à reconnaître que ce message est extrêmement maladroit et fait ses excuses aux handicapés, a déclaré le directeur général, Etienne Lecomte. Il y a eu clairement de notre part un manque de vigilance, et une enquête interne est en cours pour savoir qui est à l’origine de ce raté, même s’il est clair que le concepteur n’a pas eu l’intention de nuire. On est très sensibles au problème. Dans nos usines, nous avons un taux important de personnes handicapées."

Le groupe fromager assure que la campagne de communication a été arrêtée et que les produits encore disponibles en stock sont jetés. "Il est trop tard pour faire un retrait des marchandises dans les rayons, mais il en reste assez peu, et le message ne sera plus visible très longtemps", indique toutefois Etienne Lecomte.

Pour l’heure, l’Unapei n’entend pas porter plainte contre Bel. Mais l'association enverra certains de ses 600 membres vérifier que les produits n'arrivent plus dans les rayons, et afin qu’ils signalent toute discrimination faite à l’encontre des handicapés.