Les pistes made in France pour polluer moins

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Jérémy Maccaud , modifié à
COOPÉRATION -  D’habitude concurrents, plusieurs constructeurs et équipementiers français travaillent de concert pour qu’on consomme moins de carburant. Une avancée qui passe par l’hybridation.

Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg en rêvent : une voiture française qui consomme 2 l tous les 100 km ! Cet objectif est même inscrit dans les 34 plans pour le redressement industriel de la France, annoncés en septembre 2013 et de nouveau présentés le 14 mars dernier.

Tous ensemble. Si PSA Peugeot Citroën et Renault planchent depuis des années pour réduire la consommation de leurs véhicules, la création d’une automobile de 2 l /100 km est désormais un enjeu national, rendu possible par l’émergence des technologies alternatives. L’Etat et un grand nombre d’entreprises travaillent main dans la main pour arriver à ce but. La mission est confiée à la Plateforme de la filière automobile (PFA), un consortium qui regroupe tous les constructeurs et équipementiers de l’Hexagone.

D’habitudes concurrents, tous ces acteurs se retrouvent régulièrement autour d’une table pour réfléchir ensemble. "Par exemple, les directeurs techniques de PSA, Renault, Valeo, Faurecia déterminent quels seront les points technologiques de l’avenir", explique François Roudier, directeur de communication au sein de la PFA. "De thématiques très en amont, jusqu’à l’élaboration de briques technologiques et de programmes, le but est de créer une véritable synergie et de mettre en commun ce qui peut l’être."

21.03 Usine Renault 930 x 620

 

Il ne s’agit pas de partager des innovations techniques. Renault et PSA ont leurs propres brevets et adoptent chacun une philosophie différente en matière de technologies alternatives. "Mais on achète auprès de nos fournisseurs près de 70% de la valeur de nos voitures", précise-t-on du côté de la PFA. "Il y intérêt à développer des technologies en mutualisant les coûts de recherche. Plusieurs besoins communs existent."

Concrètement, tout cela prend encore plus de relief avec le projet de la voiture de 2 l au 100 km, si cher à notre Premier ministre et à son collègue du Redressement productif. Pour arriver à un tel niveau de consommation, quatre fois moindre comparé à la moyenne des voitures aujourd’hui, tout un tas de pistes sont à explorer. Il faut rendre les véhicules beaucoup plus légers. "Pour remplacer le métal, on travaille sur des structures faites de fibre de carbone ou de lin, moins lourdes mais toujours solides."

Vers des systèmes d’hybridation plus compacts et plus efficaces. Entre les réglementations sans cesse plus sévères sur les émissions de CO2 et le besoin partagé par tous de dépenser moins d’argent, il faut que cette technologie gagne en pertinence tout en devenant plus abordable. Aujourd’hui, investir dans une auto thermique-électrique représente un surcoût important à l’achat, pas toujours compensé par l’octroie du bonus écologique, lui-même voué à disparaître... Or, la voiture souhaitée par le gouvernement et les constructeurs devra être accessible au plus grand nombre ! Un prix compris entre 15.000 et 20.000 euros est visé.

21.03 Pneu Michelin 930 x 620

 

Michelin est très impliqué. Géant mondial sur le marché des pneumatiques, la firme de Clermont-Ferrand joue aussi un rôle prépondérant. "Les pneus font le lien entre l’automobile et la route, une grande partie de la consommation dépend d’eux", justifie François Roudier. Plus un composé est de mauvaise qualité ou usé, plus votre budget essence augmente. Toujours pour approcher les 2 l au 100 km, le développement d’un pneumatique plus robuste et plus étroit, qui frotte moins avec le bitume, semble inéluctable. Les progrès de chacun peuvent ici profiter à tous. D’où l’importance de l’implication des équipementiers à ce grand projet.

Rien n’est laissé au hasard. Autre exemple, la PFA vient d’annoncer une nouvelle ligne de recherche sur l’optique. "Un master va être créé pour que des ingénieurs puissent se consacrer aux phares, afin de mettre au point des éclairages toujours plus légers, plus fiables."

C’est pour quand ? Techniquement, des voitures essence de ce type existent déjà ; soit à des coûts faramineux ou au stade de prototype. Si l’État rêve de voir nos constructeurs en présenter une lors du prochain Mondial de l’automobile à Paris, en octobre prochain, la mise en circulation ne devrait pas intervenir avant 2018, voire 2020. Le plus tôt sera le mieux : si l’industrie automobile française réussit ici à damer le pion à la concurrence, c’est un véritable nouveau standard qu’elle pourrait instaurer. Y a plus qu’à !

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