Le "péage de transit" remplace l'écotaxe

Les portiques ecotaxe seront toujours là, mais serviront différemment.
Les portiques ecotaxe seront toujours là, mais serviront différemment. © MaxPPP
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Damien Brunon et Anne-Laure Jumet , modifié à
ZOOM - Le “péage transit” présenté dimanche fait figure d’écotaxe allégée et pose la question du manque à gagner.

L’INFO. Ne dîtes plus "écotaxe", mais "péage de transit poids lourds", une formule rénovée pour une version réduite. Dans sa nouvelle mouture, la taxe sur les transporteurs ne sera finalement effective que sur 4.000 kilomètres de bitume (souvent celles parallèles aux autoroutes payantes) et non plus 15.000 kilomètres. La Bretagne n'est plus concernée qu'à la marge par cet impôt qui frappera les camions de plus de 3,5 tonnes. Le problème, c'est que les recettes, bien moindres pour l'Etat, seront insuffisantes pour financer un grand nombre d'infrastructures.

Le constat. Avec ce nouveau dispositif, l’Etat attend 550 millions d’euros de recettes. La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a, elle, avancé le chiffre de 500 millions d'euros. Seule certitude, l'Etat n’en gagnera pas autant puisqu’avant d’encaisser la somme, il faudra payer Ecomouv, la société qui gère la collecte de la taxe. A l’arrivée, les caisses de l’Etat verront donc seulement rentrer 300 millions d’euros. Bien loin du milliard d’euros qui était attendu dans l’ancien projet.

Redéfinir les priorités. La somme ne sera donc pas suffisante pour financer la centaine de projets de transports qui étaient prévus et qui attendent depuis des mois d’être lancés. C’est le cas par exemple de deux nouvelles lignes de tramway à Angers et à Amiens, des lignes de métro à Toulouse et dans la banlieue lyonnaise, du téléphérique de Brest ou encore de très nombreuses lignes de bus dans des villes moyennes.

Le nouveau péage mécontente justement le collectif des Bonnets verts, pro-écotaxe, qui s'inquiète des conséquences sur "les 120 projets de transports propres" devant être financés par le dispositif.

Certains projets de lignes à grande vitesse devraient aussi pâtir des conséquences du nouveau projet. Le Mans-Rennes, Nimes-Montpellier, Tours-Bordeaux, Strasbourg-Metz sont autant de potentielles futures ligne qui ne pourront pas toutes se réaliser. Bref, il va falloir définir des priorités.

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Plus rien aux départements. Parmi les conséquences financières, les départements font aussi figure de perdant. Ils devaient percevoir 170 millions d'euros, mais dans le nouveau schéma, il n'y a quasiment plus de routes départementales taxées. Conséquence directe : le budget des conseils généraux alloué pour entretenir les routes risque d’être de plus en plus compliqué à boucler.

L’Etat à la rescousse. Solution possible, l'Etat pourrait compenser d'une manière ou d'une autre le manque à gagner. Le problème, c’est que ce n’est pas si simple quand on cherche déjà à faire 50 milliards d'euros d'économies. La réponse pourrait se trouver du côté des autoroutes. La ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, avait évoqué en avril dernier une taxation des sociétés d'autoroute. La piste pourrait resurgir et prendre un nouvel intérêt.

Les déçus. Elle reçoit d’ailleurs le soutien de l’un des leaders du mouvement des “bonnets rouges” bretons, Christian Troadec. Pour le maire de Carhaix, dans le Finistère, cette "écotaxe bis" n'est "pas le bon scénario". Il réclame la gratuité des routes et promet de rester mobilisé pour exiger un financement par les "grandes sociétés autoroutières".

Du côté des écologistes, la nouvelle solution est aussi loin de faire l’unanimité. C’est une taxe "au rabais" pour le coprésident des députés écologistes, François de Rugy, qui estime "logique de faire contribuer les poids lourds qui polluent plus que les autres modes de transport". "Taxe a minima" pour la secrétaire nationale d'EELV, Emmanuelle Cosse, le nouveau dispositif marque aussi "un coup d'arrêt pour le financement de plusieurs dizaines de projets de transport en commun; à l'opposé de l'ambition affichée d'engager la France dans la transition énergétique", a réagi le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot, Matthieu Orphelin.

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