L’Etat essayera de réduire le salaire des grands patrons

Les patrons des entreprises dans lesquelles la France a des participations sont encore assez tranquilles.
Les patrons des entreprises dans lesquelles la France a des participations sont encore assez tranquilles. © MAXPPP
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Damien Brunon
Problème : généralement actionnaire minoritaire, la France ne peut qu’user de son influence pour agir sur les hauts salaires.

 

L’INFO. Quand on n’a pas le pouvoir, il faut convaincre ceux qui l’ont. Le gouvernement souhaite faire baisser d’un tiers les salaires des grands patrons dans les entreprises où il est actionnaire minoritaire. Mais toutes les déclarations d’intention du même type ont toujours été vouées à l’échec par le passé. Cette fois-ci, le gouvernement compte sur son pouvoir d’influence dans les conseils d’administration.

Période de négociation.Selon Le Figaro, l’Etat est actuellement en train de faire savoir à plusieurs sociétés privées dans lequel il a des participations qu’il aimerait que leurs patrons baissent leurs salaires… de 30%.

Il profite de la saison de clôture des comptes 2013 et de la convocation des assemblées générales d’actionnaires pour faire passer son message politique. L’idée est de lutter contre les écarts de salaire dans la même entreprise. Il faut dire qu’en 2012, le salaire moyen français a augmenté de 1,9% quand celui des grands patrons, primes comprise, bondissait de 6,3%.

Voeu pieu. Le problème, c’est que là où il est actionnaire, l’Etat est généralement minoritaire. Conséquence : il a beaucoup de mal à imposer ses décisions. Ainsi, en 2012, la limitation des salaires des patrons voulue par le gouvernement n’avait pu être appliquée que dans les entreprises où il est majoritaire. Concrètement, cela a donc concerné six entreprises dont la Poste, GDF Suez et les Aéroports de Paris.

A chaque fois qu’il a tenté d’imposer ses vues dans les entreprises où il est minoritaire, il a d’ailleurs reçu un refus poli. En mai 2012, le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, avait par exemple proposé en vain que l’ancien directeur général d’Air France, Pierre-Henri Gourgeon, ne touche pas une prime de 400.000 euros du fait de ses mauvais résultats. En vain.

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© Max PPP

S’imposer dans la discussion. Seule nouveauté cette année, la mise en place des procédures de say on pay permettront aux actionnaires de s’exprimer sur la rémunération des patrons des entreprises. Même si leur vote n’aura qu’un caractère consultatif, il permettra néanmoins à l’Etat de faire mieux porter sa voix.

Il n’est néanmoins pas dit que cela permette de mieux encadrer les salaires des grands patrons. Là où la procédure existe, elle a rarement montré son efficacité. Environ 70% des entreprises européennes appliquent déjà la procédure. Pourtant, selon une étude de Frédéric Palomino, professeur à l’école de commerce Edhec, les rémunérations des patrons de ces entreprises ont été acceptées neuf fois sur dix en 2012.

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