Euro de foot 2016 : un beau cadeau fiscal à l'UEFA

© Reuters
  • Copié
Noémi Marois , modifié à
ÉCONOMIE - Une mesure exonérant l'UEFA de toutes taxes lors de l'Euro de 2016 va être présentée en Conseil des ministres le 12 novembre.

Voilà une belle carotte pour attirer dans l'Hexagone une compétition sportive de taille. Selon Les Echos, une mesure, exonérant l'UEFA (Union européenne de football) de taxes pendant l'Euro de foot de 2016, sera présentée au Conseil des ministres le 12 novembre. Elle va permettre d'inscrire dans la loi une promesse faire lors du dépôt du dossier de la France en 2010. Mais la mesure ne s'arrête pas là : elle concernera aussi à l'avenir toutes les organisations en charge d'événements sportifs internationaux en France.

Zéro impôt … L'UEFA peut se frotter les mains. Elle et ses filiales françaises ne se verront appliquer aucun impôt sur les sociétés. Pendant le prochain Euro de football qui aura lieu dans l'Hexagone du 10 juin au 10 juillet 2016, elles ne paieront que la TVA. Cette dernière, étant régie à l'échelle européenne, n'a pas pu être incluse dans la détaxation prévue. 

Sur 900 millions de bénéfices. L'"Euro SAS 2016", structure juridique créée pour l'événement et détenue à 95% par l'UEFA, a en charge l'organisation de l'événement, excepté la sécurité. Elle compte sur 900 millions de bénéfices, essentiellement issus des droits de retransmissions télé.  

>> LIRE AUSSI - Le logo de l'Euro 2016 dévoilé

L'Euro 2016, une poule aux œufs d'or. La France gagnera-t-elle d'un côté ce qu'elle perd de l'autre ? En quelque sorte. L'accueil de l'Euro 2016 de football, c'est d'abord l'occasion de rénover les infrastructures sportives hexagonales ainsi que les transports. La France a ainsi prévu d'investir deux milliards d'euros au total, autant de retombées pour les entreprises du BTP. La France va aussi récupérer le fruit d'une taxe sur les mises de la Française des Jeux.

Et l'organisation d'un tel événement, c'est une publicité internationale pour la France. Sur les 2,5 millions de spectateurs prévus par l'UEFA, un million sera en provenance de l'étranger. L'UEFA, pour sa part, a promis de reverser 20 millions d'euros aux dix villes-hôtes de l'Euro.

>> LIRE AUSSI - Euro 2016 : la finale au Stade de France

Un "problème fiscal " ? "Cette histoire, en creux, veut bien dire qu'on a un énorme problème fiscal", analyse Axel de Tarlé, expert économie d'Europe 1. "On voit bien qu'il est impossible de convaincre des instances internationales de venir chez nous à cause de notre fiscalité", ajoute-t-il. Et de citer une étude de la Chambre franco-américaine de commerce publiée en octobre, qui a montré que seulement 12% des entreprises américaines installées en France envisager d'investir à nouveau dans notre pays. La preuve d'"un sérieux problème d'attractivité", juge Axel de Tarlé.

Le foot, chouchou de l'Etat. Cette mesure démontre, une fois de plus, que le sport est décidément un allié indispensable de l'économie. La France, en tout cas, semble l'avoir bien compris et privilégie le football en conséquence. Le gouvernement a d'ailleurs été clément dans l'application de la taxe à 75% des salaires de plus d'un million d'euros dans le football professionnel. Pour ne pas que la mesure pèse trop sur l'économie du football, le montant de la taxe a été limité à 5% du chiffre d'affaires des clubs. 

Enfin, l'Etat a bien appliqué la TVA sur les billets d'événements sportifs, comme le lui réclamait l'Union européenne : il a appliqué le taux minimum existant, celui appliqué aux biens de première nécessité. 

VIDÉO - Vrai-Faux : l'Euro 2016 va-t-il créer des emplois en France ?