Etats-Unis : les géants d'internet alliés au FBI pour surveiller les Américains ?

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Jusqu'à quel point la lutte contre le terrorisme justifie-t-elle l'intrusion dans la vie privée ? Des millions d'Américains viennent de découvrir, grâce à des révélations du 'Guardian' et du 'Washington Post', que les géants des télécoms et du web auraient ouvert l'accès à leurs serveurs aux services secrets, qui surveillent de près les télécommunications... Les deux journaux affirment ainsi que la NSA (Agence nationale de sécurité) et le FBI ont un accès direct aux serveurs hébergés par de grands groupes internet, dont Google, Apple, Facebook, Yahoo, Microsoft et Skype, dans le cadre d'un programme secret baptisé "PRISM", mis en place depuis 2007, avant l'élection de Barack Obama. Sans distinction De leur côté, les opérateurs téléphoniques AT&T, Verizon et Sprint Nextel livreraient chaque jour les données téléphoniques de millions d'abonnés à la NSA. Ces relevés non ciblés viseraient sans distinction des abonnés, qu'ils "soient ou non soupçonnés d'un quelconque méfait", précise le 'Guardian'... Le contenu des conversations ne serait pas révélé par l'opérateur, mais sont en revanche transmis les numéros de téléphone, l'heure, la durée et la localisation des appels. Cartes de crédit Mais l'affaire irait plus loin que les seuls appels téléphoniques : selon le 'Guardian', la NSA peut aussi consulter "courriers électroniques, photos, vidéos, chats, transferts de fichiers, détails des réseaux sociaux, et davantage". Les communications par Skype pourraient ainsi être espionnées en direct ! Et même les sociétés de cartes de crédit fourniraient aux services secrets des données sur les transactions payées en ligne par carte bancaire. "Outil indispensable" L'administration Obama a immédiatement réagi en confirmant en partie ces pratiques, mais en les minimisant, et en assurant quelles ne concerneraient pas les Américains, mais des personnes étrangères ou se trouvant à l'étranger... Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a toutefois estimé que ce programme était un "outil indispensable pour protéger la nation des menaces terroristes". Quant aux groupes de télécoms et d'Internet, embarrassés, ils démentent jouer un rôle actif dans ce processus, un porte-parole d'Apple, notamment, affirmant n'avoir jamais entendu parler de PRISM et n'accorder l'accès à ses serveurs que dans le cadre de demandes judiciaires... Libertés publiques Dans les faits, la surveillance accrue des réseaux de communication n'est pas un phénomène nouveau aux Etats-Unis, où il a démarré sous la présidence de George W. Bush, en réponse aux attentats meurtriers du 11 septembre 2011... Mais lors de son élection en 2008, Barack Obama s'était engagé à pratiquer davantage de transparence que son prédécesseur sur ces questions sensibles pour les libertés publiques... Aujourd'hui, ces révélations tombent mal pour le président américain, au moment où il se débat déjà avec plusieurs scandales impliquant des excès de zèle de son administration : le fisc américain est ainsi soupçonné d'avoir mené des contrôles fiscaux systématiques et injustifiés sur des membres du Tea Party, et le gouvernement aurait espionné des journalistes de l'agence 'AP' et de la chaîne 'Fox News'...