Débuts timides du contrat à terme français

Le contrat à terme sur la dette française décrié par les candidats à la présidentielle a été lancé lundi en Allemagne.
Le contrat à terme sur la dette française décrié par les candidats à la présidentielle a été lancé lundi en Allemagne. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Ce produit financier décrié par les candidats à la présidentielle a été lancé lundi en Allemagne.

Le nouveau contrat à terme sur la dette française a fait ses premiers pas lundi sur le marché allemand. Une arrivée timide puisque les investisseurs ne se sont pas bousculés pour en acquérir.

A peine 2.500 contrats vendus lundi

Pour cette première journée de cotation, à peine un peu plus de 2.500 contrats ont été vendus par Eurex, filiale du groupe boursier allemand Deutsche Börse et spécialiste des produits dérivés. A titre de comparaison, ce chiffre est très loin des quelque 10.900 contrats qui avaient changé de main au même moment de la journée sur l'Italie et encore plus en deçà des quelque 600.000 contrats sur l'Allemagne - un chiffre qui peut monter à 1 million de transactions dans les bons jours.

Ce contrat permet à un investisseur d'acheter un titre à un prix fixé à l'avance pour un règlement effectif à une date ultérieure. A 18 heures, le contrat à terme à échéance juin valait 125,28, en baisse de 0,59% par rapport au cours initial fixé à 126,02. Le léger repli du contrat à terme est à peu près en ligne avec l'évolution du cours des obligations sur le marché obligataire traditionnel, où l'investisseur est propriétaire du titre dans la foulée de la transaction.

"Il est possible qu'on monte crescendo en termes de volume"

Malgré ces débuts prudents, "il est possible qu'on monte crescendo en termes de volume", analyse Cyril Regnat, spécialiste du marché obligataire chez Natixis, pour qui "le marché pourrait s'ouvrir plus rapidement en raison de l'échéance de l'élection présidentielle".

Prochainement, des contrats à échéance septembre et décembre seront lancés. Jeudi, la France prévoit de lever entre 9 et 11 milliards d'euros à moyen et long terme, ce qui constituera un premier test depuis le lancement du contrat à terme.

"Un nouvel instrument de dictature financière"

Plusieurs partis politiques, dont le Front de gauche, Europe Ecologie-Les Verts et le Front national, avaient dénoncé la semaine dernière un outil pour favoriser la spéculation contre la dette française. Jean-Luc Mélenchon y voyait ainsi "un nouvel instrument de dictature financière".

Le candidat du PS François Hollande avait pour sa part souhaité la semaine dernière que les autorités allemandes "annulent" l'introduction du contrat à terme. Le ministère français des Finances a de son côté déclaré n'avoir "aucun pouvoir" pour autoriser ou interdire un tel outil.

Une polémique due à "l'incompréhension" des marchés

Les spécialistes du marché obligataire ont, eux, relativisé l'impact spéculatif du contrat. Ils rappellent qu'il en existe sur de nombreux pays et que ces contrats dépendent en grande partie de l'évolution du marché obligataire classique. L'Association française des marchés financiers (Amafi), qui regroupe les professionnels du secteur, a regretté lundi le calendrier de lancement du contrat, mais a jugé que la polémique qu'il suscite est surtout due à une "incompréhension" du fonctionnement des marchés.