Couper les hauts-fourneaux, quel impact ?

Les hauts-fourneaux de Florange pourraient être arrêtés définitivement début 2013.
Les hauts-fourneaux de Florange pourraient être arrêtés définitivement début 2013. © MAXPPP
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Thomas Morel , modifié à
LA QUESTION - Les syndicats craignent que Mittal coupe l'alimentation en gaz de Florange.

• L'enjeu. Les hauts-fourneaux de Florange ont-ils encore un avenir ? Ce week-end, l'accord conclu entre Jean-Marc Ayrault et ArcelorMittal semblait sauver l'usine. Tout est relancé depuis dimanche soir, avec la révélation par le délégué CFDT Edouard Martin d'un arrêt de l'alimentation en gaz du site au cours du premier trimestre 2013. Selon les syndicats, cela scellerait la mort des hauts-fourneaux, même si, du côté d'ArcelorMittal, on joue l'apaisement, expliquant que "l'arrêt de l'alimentation ne signifie en aucun cas le démantèlement du site".

L'acier recouvre tout le four. Pourtant, à en croire Yves Pinatel, président de l'entreprise d'ingénierie sidérurgique Destel, interrogé par Europe1.fr, redémarrer un haut-fourneau qu'on a laissé refroidir est une opération à la fois compliquée et coûteuse.

"Même si vous arrêtez d'alimenter un four en matériau, il en reste toujours un peu à l'intérieur", explique-t-il. "Tant que le four chauffe, la ferraille à l'intérieur reste liquide. Si en revanche vous coupez le gaz, toute cette matière première refroidit." Dans le fond du four, elle forme une plaque, tandis que sur les parois, elle recouvre le "réfractaire", c'est-à-dire le matériau résistant à la chaleur.

Relancer la machine, une opération coûteuse. Impossible dans ces conditions de faire redémarrer la machine : il faudrait d'abord retirer la plaque d'acier déposée au fond. Et encore, ce ne serait pas suffisant : "Une fois que le réfractaire est recouvert d'acier durci, si on le fait rechauffer, tout casse", explique Yves Pinatel, qui a travaillé sur plusieurs fours verriers et sidérurgiques. Il faut donc lui aussi le casser, avant d'en reconstruire un neuf à la place. Une opération qui n'est pas impossible, mais qui coûte très cher. Selon les syndicats de Florange, la facture pourrait même s'élever à plusieurs centaines de millions d'euros. De quoi repousser les offres de reprise potentielles.