Bisbilles entre Renault et la DCRI

Le site de Guyancourt de la marque au losange a été perquisitionné par les enquêteurs de la DCRI.
Le site de Guyancourt de la marque au losange a été perquisitionné par les enquêteurs de la DCRI. © REUTERS
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avec Martial You et Frédéric Nicolas , modifié à
Une perquisition a été menée dans un contexte tendu entre le constructeur et les enquêteurs.

En toute discrétion, en dehors des heures de bureau, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), a récemment mené une perquisition sur le site de Guyancourt, dans les Yvelines, selon une information révélée mardi soir par leparisien.fr.

Les enquêteurs du contre-espionnage ont fouillé le bureau des trois anciens cadres du constructeur automobile soupçonnés d’espionnage industriel. Les ordinateurs et les téléphones portables des trois hommes, qui clament leur innocence, ont été saisis. Quatre employés du groupe automobile ont également été entendus, dont trois responsables de la sécurité de Renault.

"Ne pas vivre une enquête à ciel ouvert"

Cette perquisition a été menée alors que le ton monte entre les enquêteurs et la marque au losange. Cette dernière reproche aux enquêteurs leur manque de discrétion. "Depuis le dépôt de la plainte, la DCRI ou des servies associés n’ont de cesse d’informer au quotidien, en flot continu, la presse sur les agissements ou non de la DCRI", a pesté Me Jean Reinhart, l’avocat de Renault, sur Europe 1. "Je pense que dans une affaire d’espionnage où on préserve des secrets, Renault a besoin que cette enquête se passe au moins dans une certains forme de discrétion. C’est préjudiciable à ses intérêts. On ne peut pas vivre une enquête à ciel ouvert."

"Cachotteries"

Du côté de la DCRI, on s’agace également de diverses "cachotteries". Car pour l’heure, le contre-espionnage dispose d'un dossier bine vide. Depuis plusieurs jours, l’organisme réclame à Renault des éléments de preuve concrets, mais le constructeur lui refuse l’accès à l’ensemble de l’enquête interne. Selon les informations d’Europe 1, les deux responsables de la sécurité ont passé des heures avec les enquêteurs sans rien donner de concret. La DCRI demande aussi l’identité de l’enquêteur privé qui a rassemblé les preuves, mais Renault se refuse à donner son nom.

"La DCRI parle au quotidien avec les services de Renault. S’ils avaient une difficulté, un problème dans la transmission d’information, il était très simple pour eux de l’exprimer. Ils ne l’ont jamais fait", s'étonne Me Jean Reinhart. "Ils ne l’expriment qu'à travers les médias. Je ne comprends pas l’attitude de l’enquête en ce moment."

Dans ce contexte, la perquisition récemment menée avait un double objectif. De faire avancer l’enquête bien sûr, mais aussi pour marquer le coup. Avec une telle opération souvent spectaculaire et médiatique, la DCRI démontre qu’elle veut désormais obliger Renault à collaborer en coulisse.