Une édition rarissime de "Du côté de chez Swann" vendue plus d'un demi-million d'euros

Le volume mis à l'encan était l'un des cinq exemplaires numérotés de "Du côté de chez Swann".
Le volume mis à l'encan était l'un des cinq exemplaires numérotés de "Du côté de chez Swann". © AFP
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avec AFP , modifié à
Le volume mis à l'encan était l'un des cinq exemplaires numérotés sur ce que d'aucuns considèrent comme le plus beau papier du monde : "le japon impérial".

Une édition rarissime de Du côté de chez Swann de Proust a été vendue lundi chez Sotheby's plus d'un demi-million d'euros, moins que la fourchette haute de l'estimation. "Le volume est parti pour 535.500 euros", a indiqué une porte-parole de Sotheby's. Son estimation se situait entre 400.000 et 600.000 euros.

Trésor pour bibliophile, le volume mis à l'encan était l'un des cinq exemplaires numérotés de Du côté de chez Swann sur ce que d'aucuns considèrent comme le plus beau papier du monde: le "japon impérial" ou "washi".

Un volume qui n'était plus réapparu depuis 1942. Trois exemplaires de ces livres rares et précieux sont à l'abri chez leur propriétaire et un quatrième a disparu durant la Seconde guerre mondiale sans jamais réapparaître. Le volume, acquis par un acheteur présent dans la salle de vente, n'était plus réapparu publiquement depuis 1942 lorsque la veuve de son propriétaire l'avait mis aux enchères chez Drouot.

Il avait alors été acquis par Roland Saucier, directeur de la librairie Gallimard de Paris, et était resté depuis dans la famille du libraire décédé en 1994. Le volume (192 x 138 mm), portant le numéro 5 et relié en maroquin bleu nuit, avait été offert par Proust à Louis Brun, son éditeur chez Grasset. Grand bibliophile, Louis Brun avait ajouté à son exemplaire des documents manuscrits de Marcel Proust qu'il a fait relier en fin de volume.

Proust voulait payer pour des critiques élogieuses sur son ouvrage... Ces documents, huit au total, révèlent un Marcel Proust inattendu. Pour défendre son livre, l'écrivain propose à des amis de la presse parisienne de faire publier dans leurs journaux respectifs des critiques élogieuses de son roman. Tous les moyens sont bons pour l'écrivain. Il propose de l'argent aux journaux, écrit lui-même les articles qu'il souhaite voir publiés. En même temps, le romancier prend garde à ne pas être découvert. Les échos qu'il rédige doivent rester anonymes, insiste-t-il.

... une pratique courante à l'époque. Pour Benoît Puttemans, spécialiste des manuscrits chez Sotheby's, payer pour des critiques élogieuses était "une pratique courante à l'époque". À la décharge de Proust, il faut rappeler qu'il dut batailler avec ardeur pour trouver un éditeur. Il essuya de nombreux refus avant que Bernard Grasset n'accepte de le publier, à frais d'auteur, en novembre 1913. Surpris livre, Gaston Gallimard réussit à convaincre Proust de rejoindre sa maison. Ce sera avec la NRF de Gallimard que Proust obtiendra le Goncourt en 1919.