"La Glace et le ciel" : cette incroyable épopée en Antarctique

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S.B. , modifié à
Dix ans après La marche de l'Empereur, le réalisateur Luc Jacquet retrace la vie et les découvertes de Claude Lorius, qui avait prédit le changement climatique. 

Claude Lorius, grand glaciologue aujourd'hui âgé de 82 ans, a consacré sa vie entière à l'étude du climat. Dix ans après La marche de l'empereur, pour lequel il a reçu un Oscar en 2006, Luc Jacquet consacre son nouveau documentaire, La Glace et le Ciel, sur les écrans mercredi à la vie de ce scientifique hors normes.    

Une petite annonce qui va changer sa vie. "Je m'appelle Claude Lorius et j'aurai 23 ans pour toujours". 23 ans, c'est l'âge qu'avait Claude Lorius, futur grand glaciologue, lorsqu'il est tombé sur cette petite annonce qui a changé le cours de sa vie : "Les expéditions polaires françaises recherchent un jeune étudiant pour une mission scientifique de plus d'un an en Antarctique. Une excellente forme physique est exigée et de préférence un certain goût pour l'aventure". On est en 1956 et Claude Lorius part l'année suivante. Pendant un an, il étudie les glaces. C'est là que naît sa vocation : il va consacrer sa vie à percer le secret du climat.

L'explorateur Claude Lorius vient de passer un an dans une ancienne base scientifique, la base Charcot, qui ne fait pas plus de 24 mètres carrés. Il lui a fallu lutter contre le froid et le vent dans ce désert glacé, mais loin de renoncer, l'étude du climat va devenir la préoccupation de sa vie. Il mènera 22 expositions polaires et passera plus de dix ans dans l'Antarctique. Toute son existence, Claude Lorius va étudier la glace, qui, comme il va le démontrer, fournit de précieuses indications sur l'état du climat.

Eurêka. Claude Lorius est connu pour avoir, parmi les premiers, alerté sur la responsabilité de l'homme dans le réchauffement climatique. Sa trouvaille, comme beaucoup d'autres, il l'a doit en partie au hasard. C'est en observant des glaçons dans un verre de Whisky que le scientifique élabore, en 1965, une hypothèse importante : les bulles, emprisonnées dans la glace, sont autant d'échantillons de l'air que l'on respirait il y a des milliers d'années. Cette découverte ouvre aux scientifiques la possibilité d'étudier le climat, grâce à des forages effectués dans ce climat extrême. Le scientifique va alors mener plusieurs expéditions pendant lesquelles il va recueillir des carottes glacées de plusieurs centaines de mètres, des échantillons qui vont directement servir à lire les changements climatiques et… à prédire les évolutions à venir. "L'Antarctique est un très bon témoin si l'on veut un jour prévoir l'évolution du climat", martèle le scientifique. Une théorie qui lui vaut pourtant le scepticisme de ses contemporains qui, à l'époque, taxent ses prévisions de "catastrophistes". Pourtant, à 82 ans, Claude Lorius "constate que l'Histoire", hélas, "lui a donné raison."