"Respect", en salles mercredi en partenariat avec Europe 1, retrace le parcours extraordinaire d'Aretha Franklin, celle qu’on a surnommée la Queen Of Soul. Sa voix est considérée comme une des voix les plus puissantes et les plus significatives de tous les temps. Les tubes de la Reine de la soul, comme Respect, (You Make Me Feel Like A) Natural Woman, I Say a Little Prayer ou Think, sont entrés dans les canons de la musique américaine, représentatifs de la lutte et la résilience des Noirs durant les mouvements des droits civiques, du Black Power et de la libération des femmes.
L’histoire d’Aretha Franklin garde sa pertinence au regard du mouvement Black Lives Matter, alors que le monde est à un moment charnière, que des bouleversements raciaux, sociaux et culturels s’opèrent et que de multiples identités s’affirment et font enfin entendre leur voix, sans réserve.
>>> La trajectoire d’une enfant prodige
La vie d’Aretha Franklin est une véritable feuille de route, la trajectoire d’une enfant prodige qui a grandi à Detroit, dans un milieu privilégié qui avait compris l’importance des protestations sociales, de la lutte pour l’égalité raciale et de la mobilisation communautaire, reposant largement sur la fondation de l’Église noire, la foi, le culte et la notion de réalisation de soi. Si on se souviendra toujours d’Aretha Franklin pour la qualité et la force de sa voix, le parcours qu’elle a dû entreprendre pour la trouver demeure connue de peu.
Metteuse en scène de théâtre de renommée internationale, Liesl Tommy signe avec "Respect", inspiré son premier long métrage de cinéma. "En dehors de Jennifer Hudson, il n’y a pas plus grande fan d’Aretha Franklin que moi. Quand on m’a demandé quelle approche j’envisageais pour le film, j’ai immédiatement répondu que je souhaitais mettre l’accent sur sa jeunesse et le début de sa carrière, que le grand public ne connaît pas forcément", précise la réalisatrice. "Le parcours qu'elle a eu pour devenir l’immense artiste qu’on connaît me semblait la meilleure façon de comprendre l'influence qu'elle a eu et l'héritage qu'elle nous a laissé. Dès la genèse du film, je l’ai envisagé comme l’histoire d’une jeune femme dotée d'une capacité vocale exceptionnelle mais qui a dû se battre pour trouver sa voix".
>>> Une figure féministe et indépendante
Bien que plusieurs hommes aient dominé la première partie de sa vie, Aretha Franklin a su développer puis conserver son indépendance. Sans hésitation, elle rappelait à l’ordre des hommes blancs qui l’adressaient trop familièrement, demandait à être payée en espèces avant ses concerts, et a finalement été l’une des premières artistes de sa profession (hommes et femmes confondus) à devenir productrice de sa musique. Elle savait pertinemment que la seule façon de protéger son bien le plus précieux, sa musique, c’était de tenir les rênes.
"Aretha s’est versée au féminisme au moment où le féminisme était en plein boom. Leurs cheminements ont été simultanés", déclare Tracey Scott Wilson, la scénariste du film. "Et quand Aretha avait décidé quelque chose, c’était irrévocable. Elle a décidé que plus personne ne profiterait d’elle financièrement, et pour s’en assurer, elle a imposé ses propres règles. L’un d’elles était : 'Je veux voir l’argent que je gagne'. Une des choses qui me donne le plus de fierté dans ce film, c’est la façon dont Liesl a su diriger sa caméra sur les femmes noires. Un de mes moments préférés, c’est quand Aretha chante Natural Woman devant un parterre de femmes en admiration. Il n’y a aucun homme dans le cadre, et elles se mettent à lui chanter sa chanson. C’est un moment très fort".
"Sa relation avec ses sœurs nous semblait également primordiale, leur complicité et la force qu’elle en retirait", ajoute la scénariste. "Elle était soutenue par une communauté de femmes - de sa mère, à Clara Ward, puis à ses sœurs - qui la guidait, l’initiait, l’éduquait, et elle, en retour, propageait ces enseignements".
>>> Le rôle d’une vie pour Jennifer Hudson
Personnellement choisie par Aretha Franklin pour l’incarner dans un film sur sa vie, on pourrait dire que Jennifer Hudson se préparait à ce rôle depuis son élimination d’American Idol, en 7e place, en avril 2004. "C’était après American Idol et Aretha Franklin se produisait à Maryville (Indiana)" raconte l’actrice. "J’avais cette lubie de vouloir faire sa première partie. C’est de notoriété publique qu’elle ne choisissait jamais de chanteur ou musicien pour ses premières parties, mais qu’elle préférait les humoristes. Malgré cela, elle a accepté que je le fasse. Ça a été un moment de grâce, comme tous les moments que j’ai eu la chance de partager avec elle. Je me rends compte, plus encore aujourd’hui, à quel point elle a guidé ma carrière".
"Respect", le biopic événement, est en salles ce mercredi, en partenariat avec Europe 1.
Et pour patienter, ne manquez pas "Les Combats d’Aretha", notre podcast en 3 épisodes, qui met en lumière les engagements militants de cette icône de la musique américaine !