jean christophe grange 5:05
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Alexis Patri , modifié à
Au micro d'Isabelle Morizet dans l'émission "Il n'y a pas qu'une vie dans la vie" samedi, l'écrivain des "Rivières Pourpres" Jean-Christophe Grangé revient sur son parcours personnel et professionnel. Et notamment sur "Les Promises", son nouveau roman qui s'intéresse aux cauchemars des nazis et de leurs proches.
INTERVIEW

C'est son premier roman qui s'inscrit dans le passé. Jean-Christophe Grangé, l'auteur des Rivières Pourpres, publie Les Promises. Un livre dont l'intrigue suit les meurtres de femmes de hauts dignitaires nazis, visitées dans leurs cauchemars par l'homme mystérieux qui les tuera ensuite. Une histoire inspirée du travail de la journaliste Charlotte Beradt, comme il l'explique samedi au micro d'Isabelle Morizet, l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie.

Ce n'est pas un hasard si Jean-Christophe Grangé s'intéresse au troisième Reich. Il expliquait déjà par le passé avoir beaucoup étudié le nazisme, "un vivier pour les pires pulsions humaines". "Il existe un livre de l'époque d'une Berlinoise qui a collecté les rêves de son entourage", explique le romancier, évoquant Charlotte Beradt. "Elle avait remarqué que même les personnes qui vivaient apparemment bien le régime nazi faisaient des cauchemars. Toujours sur fond de nazisme. Toujours sur fond d'oppression et de terreur du système."

"Le héros, habitué à arrêter des innocents, va devoir poursuivre un vrai tueur"

"Cela m'avait beaucoup intéressé parce que c'est la preuve que la dictature était tellement lourde qu'elle avait réussi à pénétrer même l'inconscient collectif et que les gens rêvaient du nazisme", analyse-t-il. "J'ai trouvé qu'il y avait là un vrai thème et ça a donné ce tueur très mystérieux dans mon livre qui, avant de frapper, apparaît en rêve à ses victimes en portant un masque de marbre."

Dans ce livre, le héros Franz Beewen, un agent de la Gestapo, est chargé d'enquêter sur ces meurtres et d'arrêter le mystérieux coupable. "Il est habitué à arrêter des innocents en montant des dossiers de toutes pièces. Et tout d'un coup, il va devoir poursuivre un vrai tueur", précise Jean-Christophe Grangé. "Il est plutôt désorienté, parce que il n'a aucune connaissance en enquête criminelle. Et encore moins de connaissances en matière de psychisme.

Le chef du Front du travail d'Adolf Hitler, Robert Ley, déclarait : "La seule personne en Allemagne qui ait encore une vie privée est celle qui dort. Nous allons maîtriser à ce point l'espace mental des Allemands qu'il ne leur restera plus comme moments de liberté que le rêve." En s'inspirant des travaux de Charlotte Beradt, Jean-Christophe Grangé montre que le nazisme est allé plus loin.

"Cette fusion maléfique entre les cauchemars et le nazisme est fascinante"

"Le nazisme a réussi à percer cette dernière résistance qu'était le rêve et à s'insinuer dans les consciences des gens quand ils dormaient", observe-t-il. "Je trouve que cette idée est très intéressante. Cette espèce de fusion maléfique entre les cauchemars et le nazisme est très fascinante."

Mais qu'est-il advenue de Charlotte Beradt et des recueils de rêves de dirigeants nazis et de leurs femmes ? "C'est assez incroyable. Pendant la guerre, elle était devenue coiffeuse. Elle coiffait tous les gens de l'immeuble, les voisins. Elle était juive, donc elle avait une vie très retirée et elle avait soigneusement caché chaque page de son livre", précise le romancier. "Des pages qu'elle a pu récupérer après la guerre."