Pourquoi dit-on de ceux qui n'ont pas grand chose qu'ils "vivent chichement" ?

Quelle est l'origine de l'expression "vivre chichement" ?
Quelle est l'origine de l'expression "vivre chichement" ? © Pixabay
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Stéphane Bern, édité par Alexis Patri , modifié à
Dans l'émission d'Europe 1 "Historiquement vôtre", Stéphane Bern se penche sur les racines d'une expression du quotidien. Mardi, il s'intéresse aux origines de "vivre chichement", une expression qui désigne le fait ne vivre, non pas totalement sans le sou, mais avec peu de ressources financières et matérielles.

Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Mardi, l'animateur nous explique les racines de l'expression "vivre chichement", qui désigne le fait de vivre avec peu.

Quand, de façon subie ou de façon volontaire, on décide de vivre en baissant sa consommation ou d’appréhender la vie de façon plus modeste, avec modération, on dit que l'on "vit chichement" ou "de manière chiche". Un "chiche" qui n'a rien pas à voir avec celui du jeu "cap ou pas cap", ni avec le kebab, ni avec le pois chiche.

Dans le chiche kebab, ce terme désigne la broche en métal sur laquelle on cuit la viande. Concernant le pois chiche, le mot vient du latin "cicé". On le retrouve dans le "chick pea" anglais. Cicéron, le célèbre homme d'état romain, a un nom qui signifie "pois chiche". Ses partisans l'expliquent parce qu'il aurait été marchand de pois chiches. Ses détracteurs eux disent que c'est parce qu’il avait une grosse verrue sur le nez de la taille d'un pois chiche.

Marcher sur les coudes pour épargner ses souliers

Mais revenons à notre "vivre chichement". Au 12e siècle, un chiche était un radin. Vivre chichement prend donc tout son sens : on vivait en faisant un minimum de dépense. Aujourd'hui, vivre chichement s'est plutôt débarrassé de sa connotation d'avarice. L'expression décrit celles et ceux qui ont choisi de vire dans une certaine pondération, quelles que soit leurs motivations.

En espagnol, pour dire "vivre chichement", on dit "caminar con los codos". Comprenez "marcher sur les coudes", une activité qui permet de ne pas abîmer ses souliers. En arabe algérien, on trouve la formule "il est boucher et il se nourrit de navet", quand on a pas de quoi acheter de viande. Aux Pays-Bas, on préfère "ne pas avoir d’ongle pour se gratter les fesses". Une expression chic et classe.