Anaïs Demoustier, actrice française nommée aux Césars pour le film Alice et le maire, se rendra-t-elle à la cérémonie des César malgré les appels au boycott qui se multiplient ? Invitée de Philippe Vandel, lundi sur Europe 1, elle explique que oui. "Je trouve qu'on en parle trop, je préférerais que cela n'existe pas", confie l'actrice au sujet de l'affaire Polanski, qui secoue le cinéma français. Malgré les nombreuses accusations de viol dont le réalisateur polonais fait l'objet, son film J'accuse, est nommé dans douze catégories. A l'affiche de La fille au Bracelet, un film qui explore notamment la sexualité des adolescents, l'actrice française détaille sa position dans Culture Médias.
Si Anaïs Demoustier ne compte pas boycotter la 45ème Cérémonie des César, elle reste pour autant conscience de la nécessité de cette libéralisation de la parole des femmes dans le monde du cinéma français : "La chose positive dans tout cela", explique l'actrice, "c'est qu'il y aura un avant et un après Metoo", poursuit la jeune femme. "C'est une question complexe à laquelle il faut s'attaquer".
"Le problème, c'est tes seins"
Les accusations de harcèlement et d'agressions sexuels dans le milieu du cinéma français se sont multipliées ces derniers mois, notamment après les révélations d'Adèle Haenel. Mais Anaïs Demoustier assure de son côté qu'elle n'a jamais subi de problème de harcèlement sur des tournages. "Jamais. J'ai été très mal à l'aise avec une réalisatrice, c'était de l'abus de pouvoir", se souvient l'actrice de 32 ans. "C'était une femme, sur un film qui mettait en scène des scènes de sexe, et elle ne me protégeait pas".
"J'ai aussi eu le droit à des réflexions. Un jour, un producteur m'avait dit 'Tu es super, tu joues super bien, mais le problème c'est tes seins'. C'est tellement ancré qu'à l'époque, âgée de 21 ans, je ne m'en rendais pas compte et j'étais persuadée que mes seins étaient un problème", explique la jeune fille. "Tout cela, je le réalise au fil des interviews, parce qu'on en parle beaucoup", confie Anaïs Demoustier. "Cette anecdote m'est par exemple revenue après des années. A l'époque, je ne m'étais pas offusquée, et c'est ça qui est grave", conclut la jeune femme.
"Une jeunesse libre, mais avec une nouvelle violence"
Anaïs Demoustier est cette semaine à l'affiche de La fille au bracelet, un film réalisé par Stéphane Demoustier, son grand frère. Elle y interprète l'avocat général dans le procès d'une adolescente de 16 ans, accusée d'avoir tué sa meilleure amie. Un long-métrage sur la jeunesse et sur la sexualité des adolescents. "Le film est l'occasion de faire le portrait d'une génération, de scruter une jeunesse qui nous échappe parfois", explique l'actrice. "Une jeunesse qui avec les réseaux sociaux a peut-être une sexualité plus libre que ce qu'on imagine. Les vidéos, les sex-tapes qui jaillissent au lycée, c'est monnaie courante. C'est une jeunesse libre, mais avec une nouvelle violence", affirme Anaïs Demoustier.