Le #BoycottCesar qui s'indigne que Roman Polanski soit président des César

Roman Polanski a été condamné pour détournement de mineurs en 1977.
Roman Polanski a été condamné pour détournement de mineurs en 1977. © GUILLAUME SOUVANT / AFP (Montage Europe 1)
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Clément Lesaffre , modifié à
Depuis l'officialisation de Roman Polanski comme président des César 2017, les appels au boycott se multiplient en référence à l'accusation de viol qui le vise.

La 42ème cérémonie des César se déroulera dans plus d'un mois mais elle est déjà au cœur d'une polémique. L'annonce mercredi du choix du réalisateur Roman Polanski pour en être le  président a enflammé les réseaux sociaux. En cause, une accusation de viol sur mineure aux Etats-Unis qui poursuit le réalisateur franco-polonais depuis 40 ans. Un appel au boycott a été lancé.

Les réseaux féministes notamment s'indignent de l'honneur accordé à Roman Polanski, symbole selon eux de la "culture de la légalité" du viol. Caroline De Haas, l'une des figures du féminisme en France, a ainsi relayé le hashtag naissant sur Twitter : #BoycottCesar.

Accusé de viol en 1977. Pour comprendre les raisons de cette colère, retour 40 ans en arrière. En 1977, Roman Polanski, alors âgé de 44 ans, est accusé du viol d'une mineure de 13 ans après lui avoir fait consommer de la drogue et de l'alcool. Le réalisateur - alors au faîte de sa gloire - passe 47 jours en prison avant de finalement reconnaître le détournement de mineurs en échange de l'abandon des charges de viol. Pendant près de 40 ans, la justice américaine a demandé l'extradition de Polanski qui vit entre la France, la Suisse et la Pologne, pays qui refusent de le livrer aux États-Unis ou à Interpol qui le considère comme un fugitif. Une histoire que certains ont découvert à l'occasion de la polémique qui entoure sa nomination :

Sentiment d'impunité. L'absence de réelle condamnation pour viol scandalise une partie de l'opinion qui le fait savoir. Certains y voient une inégalité devant la loi, Roman Polanski n'ayant pas été poursuivi selon eux parce qu'il est célèbre.

Pardon de la victime. Au fil des années, "l'affaire Polanski" a connu de nombreux rebondissements, notamment une arrestation du cinéaste en 2009 qui avait soulevé une vague d'indignation dans le monde du cinéma. D'autant qu'à plusieurs reprises, la jeune fille victime du viol, Samantha Gailey, a demandé à ce que Roman Polanski soit laissé tranquille. En 2003, elle écrit à l'Académie des Oscars pour leur demander de juger l’artiste et non l'homme. En 2013, elle s'exprime dans un livre où elle affirme avoir pardonné au cinéaste et correspondre par mail avec lui depuis 2009. Ce qui n'empêche pas les internautes de demander, avec plus ou moins de virulence, le boycott de la cérémonie par le monde du cinéma.

Un réalisateur multi-récompensé. Le cinéaste peut néanmoins compter sur quelques défenseurs qui rappellent que non seulement Roman Polanski a été jugé puis pardonné mais qu'il est aussi un immense réalisateur. En 55 ans de carrière, Polanski a en effet offert au 7ème art quelques uns de ses plus grands films : Chinatown, Le Bal des Vampires, Le Pianiste… Les César ont récompensé à huit reprises le cinéaste de 83 ans avec notamment quatre statuettes de meilleur réalisateur en 1980, 2003, 2011 et 2014.

En mai dernier, Roman Polanski avait été indirectement visé par une blague de l'acteur Laurent Laffite, lors de la cérémonie d'ouverture du Festival de Cannes. S'adressant à Woody Allen, il avait dit, en référence à l'exil du franco-polonais loin des États-Unis : "Ces dernières années, vous avez beaucoup tourné en Europe alors que vous n’êtes même pas condamné pour viol aux États-Unis". Sur Europe 1, le réalisateur avait qualifié cette blague de "minable". Sera-t-il épargné aux César ? Réponse le 24 février.