"Pentagon Papers" : le cri d'amour de Steven Spielberg pour le journalisme

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Guillaume Perrodeau , modifié à
Le long-métrage évoque l'affaire des "Pentagon Papers", lorsque des dizaines de documents classés confidentiels avaient été rendus publiques par la presse.

L'alliance du cinéma et du journalisme a su donner de très belles œuvres dans le septième art. Si l'on garde davantage en mémoire Les hommes du président (1976) d'Alan J. Pakula, il ne faut pas oublier des films plus récents, comme par exemple Spotlight, récompensé par l'Oscar du meilleur film en 2016. À l'heure des grands débats autour des "fake news", en France et aux Etats-Unis, Steven Spielberg a décidé de s'inviter dans la discussion. Avec Pentagon papers, le cinéaste américain nous livre un long-métrage puissant et passionnant dans lequel il clame son admiration pour le journalisme, comme il le confiait au micro Europe 1, le 19 janvier dernier.

Pentagon Papers s'intéresse à un moment charnière du journalisme aux Etats-Unis, juste avant l'affaire du Watergate. En 1971, le New York Times rédige des articles à partir de 47 volumes de documents top secret, détaillant les relations entre Etats-Unis et Vietnam entre 1945 et 1967. Toute l'intrigue est de savoir si le Washington Post, qui obtient également les documents, va les publier également, alors qu'une cour fédérale américaine interdit rapidement au quotidien et concurrent new-yorkais de publier de nouvelles révélations.

Un moment charnière pour le journalisme, puisque l'affaire va être portée devant la Cour suprême des Etats-Unis, mais également un moment clé pour le Washington Post et sa directrice de publication : Katharine Graham (Meryl Streep). Première femme à ce poste de responsabilité, elle se bat pour se faire respecter dans un monde presque exclusivement masculin, au moment où le quotidien est en retrait à cette époque, par rapport à ses concurrents. Pentagon Papers traite ainsi de la relation entre elle, le rédacteur en chef Benjamin Bradlee (Tom Hanks), et les journalistes du Washington Post, alors que l'administration Nixon fait tout pour faire pression sur la publication.

Pentagon Papers reprend les grandes recettes des films réussis sur le journalisme, en s'affichant rapidement, à la manière des Hommes du président, de Révélations (2000) ou encore de Good Night, and Good Luck (2006), comme un thriller. C'est en s'adossant à ce genre si classique que le film peut gagner en intensité. Sous nos yeux, les longs open spaces des rédactions et les salons se transforment en bureaux d'enquête, les reporters semblent être des inspecteurs et les échangent fusent, sont mordants et caustiques, à la manière d'un interrogatoire de film policier où deux camps s'affrontent. Un choix intelligemment servi par une mise en scène tout en classicisme, misant beaucoup sur des plans-séquences, pour faire de cette histoire de journalistes, une course-poursuite pour la vérité.

Après le très décevant Le Bon Gros Géant, on retrouve ainsi un Steven Spielberg en mode majeur. De bon augure, en attendant son deuxième film de l'année 2018, le long-métrage de science-fiction Ready Player One, en salles le 28 mars.

En 1973, Ben Bradlee, la légende du journalisme dans "Pentagon Papers", se confiait sur Europe 1 :