"Miss" : une comédie humaine sur la féminité plurielle

"Miss" de Ruben Alves en salles mercredi en partenariat avec Europe 1
"Miss" de Ruben Alves en salles mercredi en partenariat avec Europe 1 © Julien Panié/Zazi Films/Chapka Films
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Avec "Miss", en salles mercredi en partenariat avec Europe 1, le réalisateur Ruben Alves signe un film émouvant sur l’androgynie, sur fond du célèbre concours Miss France.

Dans Miss, en salles mercredi, Alex, petit garçon gracieux de 9 ans qui navigue joyeusement entre les genres, a un rêve : être un jour élu Miss France. 15 ans plus tard, Alex (interprété par Alexandre Wetter) a perdu ses parents et sa confiance en lui et stagne dans une vie monotone. Une rencontre imprévue va réveiller ce rêve oublié. Alex décide alors de concourir à Miss France en cachant son identité de garçon. Au gré des étapes d’un concours sans merci, aidé par une famille de cœur haute en couleurs, Alex va partir à la conquête du titre, de sa féminité et surtout, de lui-même…

>>> La rencontre du mannequin Alexandre Wetter

Après "La Cage dorée", son premier film sorti en 2012, Ruben Alves souhaitait parler du courage qu’il faut pour changer d’identité. "Je voulais que le grand public ait accès à ce sujet et à ses enjeux mais je ne trouvais pas le bon biais ni la façon d’apporter quelque chose de différent par rapport à de formidables documentaires existants", explique-t-il. Le réalisateur s’est d’abord orienté vers un téléfilm sur la transidentité, mais le projet n’a pas abouti. C’est la rencontre d’Alexandre Wetter, alors mannequin, qui va faire évoluer son idée. "J’ai été frappé par la façon dont il passait avec simplicité et naturel d’un physique assez masculin à une féminité assumée. Je l’ai questionné sur lui, sur la façon qu’il avait de se mettre en scène en femme sur son compte Instagram, je lui ai demandé s’il envisageait une transition. Ce n’était pas le cas. Il se sent juste ‘plus fort en femme’. Le lendemain, il regardait ‘La cage dorée’ et me suggérait de faire un long métrage de cinéma plutôt qu’un téléfilm sur le sujet", raconte Ruben Alves.

>>> Un regard sur la féminité plurielle

Pendant l’écriture du scénario, Ruben Alves s’interroge sur la quintessence de la féminité, et pense au concours Miss France : raconter l’histoire d’un garçon qui rêve de devenir miss. "Pour être clair, je ne fais pas un film sur Miss France. Je me suis justement amusé à casser les codes, à insuffler de la modernité dans cet univers que, de prime abord, je regardais avec second degré", explique le réalisateur. "Je me suis attaché aux filles. Certaines ne sont là que pour devenir célèbres, mais la plupart sont authentiques, sincères. Évidemment les candidates ne sont pas représentatives de toute la société mais elles offrent un panel assez large de ce que peut être la femme aujourd’hui. Je trouvais par ailleurs intéressant que l’on aborde une féminité plurielle à travers le regard d’un homme qui met les femmes sur un piédestal et qui n’hésite pas à mettre certains hommes face à leur bêtise. Avec ma co scénariste Elodie Namer, nous voulions rendre hommage à la femme et au courage qu’il lui faut pour grandir et s’affirmer dans notre société patriarcale".

>>> Un casting de choix

Pour interpréter les rôles de Yolande et Amanda, les mères d’adoption d’Alex, Ruben Alves s’est tourné vers Isabelle Nanty, qu’il avait déjà dirigé dans son court métrage A l’abri des regards indiscrets, et Pascale Arbillot. "J’ai immédiatement pensé à Isabelle Nanty pour interpréter Yolande car, au théâtre, elle a cet esprit de bande, ce côté chef de troupe. Pour le personnage d’Amanda dont l’autorité est un rempart contre la solitude, j’avais besoin de modernité, d’élégance. Pascale Arbillot s’est imposée naturellement. Elle peut tout jouer, sonne juste à tous les coups, sans chercher à épater la galerie, sans chichis".

Trouver l’acteur pour incarner le personnage de Lola, travesti et ami d’Alex, a été plus difficile pour le réalisateur. Il a trouvé l’acteur parfait en Thibault de Montalembert qu’il a vu dans la série "Dix pour cent". "Dans une scène où le personnage de Thibault de Montalembert vient de coucher avec son assistante, Thibault est nu, allongé sur le lit, il fume une cigarette. Je découvrais là, l’espace d’un instant, une forme de féminité qui me plaisait énormément. J’avais ma Lola. Et j’ai eu la chance qu’il accepte immédiatement", nous apprend Ruben Alves.

"À peine la lecture du scénario achevée, j’ai bondi sur mon téléphone", explique Thibault de Montalembert. "Je voulais absolument ce rôle. J’aime jouer des personnages qui, bien que très éloignés de ce que je suis, me permettent d’en apprendre davantage sur moi et d’utiliser des couleurs qui ne sont pas celles qui sautent immédiatement aux yeux. Miss n’est ni une farce, ni une gaudriole. C’est une comédie humaine et il n’était surtout pas question de se moquer. Ruben n’est que bienveillance et m’a immédiatement demandé d’embrasser ma féminité. Le côté baroque de Lola est ensuite arrivé grâce au travail sur les costumes, les coiffures, le maquillage".

"Miss", qui a reçu un accueil triomphal au Festival du film de comédie de l'Alpe d'Huez ainsi qu'au Festival du Film Francophone d'Angoulême, est en salles ce mercredi, en partenariat avec Europe 1.