Médecine médiévale et Italie du 16e siècle : d'où vient l'expression "avoir la flemme" ?

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Stéphane Bern , modifié à
Dans l'émission d'Europe 1 "Historiquement vôtre", Stéphane Bern se penche chaque jour sur les racines d'une expression du quotidien. Lundi, il s'intéresse aux origines d'avoir "la flemme", une locution qui nous vient, sans trop se presser, des pires théories médicales et scientifiques du Moyen-Âge.

Stéphane Bern propose chaque jour, dans Historiquement vôtre avec Matthieu Noël, de partir à la découverte de ces expressions que l'on utilise au quotidien sans forcément connaître leur origine. Lundi, l'animateur nous explique les racines de l'expression, promesse de procrastination, "avoir la flemme".

"La flemme. Tout le monde connaît cette envie souveraine de n'absolument rien faire. Mais d'où vient ce mot ? "Avoir la flemme" est une expression récente, puisqu'elle date du milieu du 20e siècle. Mais le "flemard", avec un seul 'm', apparaît dans la langue française dès 1874. Une formule était alors utilisée, on parlait d'un "batteur de flemme" pour désigner une personne fainéante. La flemme française vient de "flemma", qui signifiait dans l'Italie du 16e siècle "lenteur" ou "placidité".

Mais la flemme commence bien plus tôt, au 13e siècle. Médicalement, on croyait alors en la théorie des humeurs. Pour les savants de l'époque médiévale, notre corps était composé de sang (qui nous donnait de la jovialité), de bile noire (qui nous rendait anxieux), de bile jaune (qui nous poussait à être belliqueux) et de la lymphe, rattachée au cerveau. Cette dernière sécrétion était également appelée "phlegme"... et elle pouvait nous rendre apathique !

Du flegme à la flemme

On était donc tributaires de toutes ces humeurs : trop de lymphe nous rendait lymphatique, trop de phlegme pouvait nous rendre, au mieux flegmatique, au pire franchement tire au flanc… La saignée, elle, était censée chasser les mauvaises humeurs, avec les résultats catastrophiques que l'on connaît.

Terminons plutôt sur un sourire et un bon mot de l'écrivain Robert Sabatier : "Que la paresse soit un des 7 péchés capitaux nous fait sérieusement douter des 6 autres". Comme il a raison."