Lucien Jean-Baptiste prépare un film sur les banlieues des années 70, époque d'avant "la crise"

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Lucien Jean-Baptiste aimerait nourrir son prochain long métrage de son propre vécu en banlieue. © Europe 1
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Romain David
Invité de "L’équipée sauvage", l'émission de Matthieu Noël sur Europe 1, le réalisateur et comédien Lucien Jean-Baptiste a évoqué l’un des projets qu’il aimerait concrétiser : un long métrage autobiographique, principalement consacré à sa jeunesse en banlieue parisienne, dans les années 1970 et 1980.
INTERVIEW

S’il vient de s’autoriser une incartade par le petit écran - avec la suite de son film Il a déjà tes yeux (2017) qui débarque sous forme de série mercredi sur France 2 -, le réalisateur et comédien Lucien Jean-Baptiste n’entend pas pour autant délaisser les salles obscures. Invité mardi de L’équipée sauvage, l’émission de Matthieu Noël sur Europe 1, il a levé le voile sur ses projets à venir, et notamment un film autobiographique. "On a commencé à bâtir le squelette du prochain long métrage, qui va raconter ma vie en banlieue de 1970 à 1982", glisse Lucien Jean-Baptiste. "C’est une période où la banlieue est passé de l’espoir au total désespoir. Je vais essayer de rire avec ça… mais ça va être difficile."

Né à Fort-de-France en 1964, Lucien Jean-Baptiste quitte la Martinique pour la métropole lorsqu’il n’a que trois ans. "Je suis un enfant du Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer, ndlr). Le Bumidom était un bureau qui disait aux Martiniquais de venir en France. ‘Vous allez avoir un HLM, un poste dans la fonction publique, etc’", raconte-t-il. "C’était un billet aller, sans retour. Il y a eu tout un mouvement comme ça, je suis issu de ça."

"Tous les jeunes, issus comme moi de banlieue, ne sont pas des misérables !"

Lucien Jean-Baptiste grandit dans le Val-de-Marne, et assiste à la lente décrépitude des banlieues, et à la fin de l’utopie urbaine que pouvaient représenter les grands ensembles bâtis dans les années 1950-1960. "Mes sœurs pleuraient en voyant Mike Brant, c’était une époque où l’on était tous tourné vers la France. Et puis, en 1974, la crise arrive, on commence à chercher des responsables. Il y a de moins en moins de boulot, nos jolis manèges colorés se grisaillent, rouillent", raconte-t-il. Autant de souvenirs qui pourraient venir nourrir ce prochain long métrage.

"Si je n’en fais pas une comédie, on ne me donnera pas d’argent. C’est comme un clown qui ne fait plus rire… Mais les clowns ont toujours une petite larme au coin de l’œil, et c’est cette larme que j’aimerai mettre en avant", poursuit Lucien Jean-Baptiste, qui pourrait envisager ce film comme une réponse aux Misérables de Ladj Ly, notamment récompensé par le Prix du Jury à Cannes. "En 1980, il y a une musique qui arrive : le rap. On nous dit : ‘C’est votre musique, votre culture est par là’. Aujourd'hui, on en est à parler de 'misérables'", déplore Lucien Jean-Baptiste. "J’adore Ladj Ly, son film est magnifique, mais je voudrais dire à tous les jeunes, issus comme moi de banlieue, que ce ne sont pas des misérables ! Ce sont des seigneurs. Ils ont tous des rêves à réaliser, qu’ils se battent pour ça !", conclut-il.