"Le petit blond de la Casbah" d'Alexandre Arcady, en salles dès aujourd'hui en partenariat avec Europe 1 1:44
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Avec "Le petit blond de la Casbah", en salles mercredi en partenariat avec Europe 1, Alexandre Arcady signe un film autobiographique mettant en lumière la vie communautaire d’Alger dans les années 1960. 

Un réalisateur de cinéma revient avec son fils à Alger pour présenter son nouveau film qui raconte l’histoire de son enfance et de sa famille dans l’Algérie des années 60. Le cinéaste se promène dans sa ville natale et, à travers les souvenirs d’un petit garçon pas tout à fait comme les autres, il nous fait revivre les moments de bonheur, de rires et de larmes de son enfance algéroise. C’est tout un univers touchant et une galerie de portraits hauts en couleurs que le film ressuscite.

Une évocation d’Alger des années 1960

Adapté de son livre autobiographique "Le petit blond de la Casbah" paru en 2004, Alexandre Arcady nous propose une évocation de ses souvenirs d’enfance à Alger. "Se tourner vers son enfance pour expliquer l’homme qu’on est devenu, est un exercice périlleux, vertigineux et sûrement très salutaire", explique le réalisateur. "Lorsque je me suis enfin lancé dans l’écriture du scénario, j’ai imaginé un alter ego : Antoine, 13 ans en 1960, un petit garçon de la casbah, qui grandit entre l’école, les copains, sa famille et ses voisins, et qui découvre sa fascination pour le cinéma en traversant les derniers moments de l’Algérie avant l’indépendance".

 

Un film né pendant le confinement

Suite à la parution du livre, de nombreuses personnes ont interrogé Alexandre Arcady afin de lui demander s’il envisageait une adaptation cinématographique. Cependant, le projet lui paraissait trop intime, car il fallait ici raconter son parcours. Et puis est arrivé le confinement de 2020. "Cette véritable parenthèse de vie, pour le monde entier" explique le réalisateur.

"C’est un matin, que cela s’est produit. Le silence de la ville m’a ramené aux sons de mon enfance. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai tout à coup entendu résonner dans ma tête le roulement de la charrette du laitier sur les pavés, le bruit des sabots des ânes dans les ruelles pendant le ramassage des ordures, le chant du coq, la cloche de l'église voisine… Tous ces bruits si caractéristiques de l'Algérie de mon enfance me sont revenus étrangement, d’un coup, et je me suis dit que c’était peut-être le moment d’écrire mon histoire. Encore fallait-il trouver le chemin de l’adaptation. Alors, tout simplement, j’ai repris le principe du livre : suivre un cinéaste qui retourne à Alger pour présenter son nouveau film.

Il serait accompagné de son fils qui aurait l’âge qu’il avait en quittant Alger, et en parallèle, il y aurait le film d’époque : l’histoire d’un petit garçon blond, pas tout à fait comme les autres, avec sa famille, son immeuble, sa ville et son amour du cinéma… Avec ce procédé de narration, j’avais toutes les libertés de la fiction pour me laisser porter par l'écriture du scénario dans un total bonheur. Et puis j’ai vu le magnifique Roma d’Alfonso Cuaron. Ce film m'a donné encore plus de courage pour affronter le scénario. Mais, j’étais loin de penser qu’en même temps que je racontais mon enfance, d’autres réalisateurs, comme Paolo Sorrentino, Steven Spielberg, James Gray, Kenneth Branagh, allaient faire de même…"

Une ode au vivre ensemble

Le film dresse évidemment un portrait fort des diverses communautés qui habitaient ensemble à Alger. "Dans notre immeuble, toutes les communautés et toutes les religions étaient mélangées" se souvient Alexandre Arcady. "À l’étage du dessous, il y avait Margot, une Italienne mariée à un Algérien, en face habitait Pierrette, la cartomancienne russe, qui avait épousé un Kabyle et adopté mon amie Josette, et puis deux ou trois familles juives, et les familles musulmanes. L’une d’elle écoutait, à tue-tête, toute la journée, Luis Mariano.

Au 7 rue du Lézard, c'était la convivialité absolue. Les portes étaient toujours ouvertes, on n’avait pas besoin d'invitation pour aller chez les uns ou chez les autres. Et les fêtes religieuses étaient les fêtes pour tout le monde. Mais ce n’était pas idyllique pour autant. Les communautés étaient cloisonnées, même si tous parlaient la même langue, l’arabe. Moi, j’ai connu l’antisémitisme à l’école communale du quartier après mon passage chez les soeurs de Saint Vincent de Paul, les garçons de ma classe me bousculaient parce que j'étais blond et parce que j'étais juif. Dans d'autres quartiers, le racisme touchait les jeunes musulmans".

"Le petit blond de la Casbah" est actuellement en salles, en partenariat avec Europe 1.