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L'écrivain, qui a sorti début janvier "La loi du rêveur" chez Gallimard, le résume sur Europe 1 en racontant à Nicolas Carreau une histoire de Nabokov sur le hasard, "personnage principal de tout roman".

Daniel Pennac est de retour en librairie. L'auteur de la saga Malaussène et lauréat du prix Renaudot 2007 pour Chagrin d'école vient de publier début janvier La loi du rêveur chez Gallimard. Un livre difficile à résumer, comme il l'explique à Nicolas Carreau dans son émission La voix est livre, diffusée chaque dimanche à 14h. Plutôt que de tenter de commenter son histoire, Daniel Pennac a choisi de raconter une histoire de l'écrivain Vladimir Nabokov sur le hasard, "personnage principal de tout roman" selon lui. La voici : 

 

"Je vais vous raconter une histoire, parce qu’il y a 36.000 façons de rentrer dans un roman, à commencer par raconter une histoire qui n’a pas grand-chose à voir avec le roman et qui pourtant l’exprime tout à fait.

C’est un roman, et Nabokov disait que le personnage principal de tout roman, c’était le hasard. Encore faut-il se le figurer, vous présenter le hasard. Alors, figurez-vous un transatlantique, un vrai des années 1930, avec des salons dans lesquels on danse. Maintenant, figurez-vous un type dans ce salon, dansant toute la nuit. Il a son nœud papillon, ses boutons de manchettes, son smoking. Et sur le coup de 3h du matin, il est fatigué, il veut aller prendre l’air sur le pont. Il sort du salon dansant, il va sur le pont, à la poupe du bateau, il dégrafe son nœud papillon, il dégrafe ses boutons de manchettes ; il décide de respirer un bon coup l’air du Pacifique.

Où l'on ne retrouve pas les boutons de manchette

Et la brise, lui chatouillant le nez, voilà que notre homme éternue ! Et ses deux boutons de manchettes, dont chacun constitue une fortune colossale, avec des diamants énormes qui lui viennent de son trisaïeul, tombent dans l’océan Pacifique et coulent.

Le même homme, six mois plus tard, à New York, entre dans un restaurant de poissons - le plus fameux au monde. Il commande un bar de ligne, un poisson sauvage. Le maître d’hôtel débarque avec son bar de ligne et lui dit ‘Monsieur, voulez-vous que je vous le prépare ?’ Et notre homme dit ‘non, non, non, je vais le préparer moi-même’. Il prend sa fourchette, son couteau et ouvre le bar de ligne… Et les boutons de manchettes ne s’y trouvent pas ! Voilà ce que j’apprécie avec le hasard, concluait Vladimir Nabokov."