2:06
  • Copié
Antoine Terrel , modifié à
Invité mardi d'Europe 1, le cinéaste franco-grec a regretté la polémique sur le voile qui divise la classe politique. "Toute cette crispation a très peu de raison d'être", s'est-il agacé. 
INTERVIEW

"Toute cette crispation a très peu de raison d'être". Alors que, depuis plusieurs semaines, la classe politique se déchire autour de la question du voile dans l'espace public, et alors que le Sénat vient de voter l'interdiction des signes religieux pour les parents accompagnateurs de sorties scolaires, Costa-Gavras, invité mardi d'Europe 1, a déploré la place prise par ce sujet dans le débat public. "Plus on approche des élections, plus on parle du voile", regrette le réalisateur franco-grec. 

"C'est triste que la France, dans une période électorale, tombe dans une telle vulgarité", regrette celui qui revient au cinéma le 6 novembre avec son nouveau film, Adults in the Room, un thriller politique inspiré des écrits de l'ex-ministre grec des Finances Yanis Varoufakis sur la crise grecque de 2015.  "Il y a quelques mois, on ne parlait pas du voile, et là, on ne parle que de ça et ça fait déjà des victimes", note-t-il, faisant référence à l'attaque d'une mosquée à Bayonne, dans laquelle deux personnes ont été blessées. Et de prévenir : "Si on continue, ça fera d'autres victimes". 

"Plus on approche des élections, plus on parle du voile, car chacun veut attirer ceux qui sont contre le voile et les faire voter pour lui", dénonce le cinéaste au micro de Nathalie Lévy, pour qui cette séquence est "complètement électorale". "Ça ne ressemble pas à la culture française et à la France des Lumières", dit-il encore. 

"On entre en crise avec des choses secondaires"

Pour Costa-Gavras,  "toute cette crispation a très peu de raison d'être". Car s'il n'oublie pas de mentionner le chômage et la pauvreté qui continuent de sévir en France, il rappelle que "le pays fonctionne assez bien (...) comparativement aux autres pays". 

"Il est étonnant de voir qu'on entre en crise avec des choses secondaires", ajoute l'artiste, qui dénonce également le rôle d'une partie des médias qui "excitent les gens". "Le monde arabe est devenu l'ennemi numéro un" en France, déplore le Franco-grec.