Leïla Slimani 1:37
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Amoureuse de cette "langue plastique" qu'est le français, Leïla Slimani revient vendredi au micro d'Europe 1 sur cette langue qui n'aurait pas été imposée, mais choisie par les nationalistes après les indépendances des anciens pays colonisés. La romancière, qui publie "Le Parfum des fleurs la nuit", fait aussi l'apologie d'une francophonie métissée.
INTERVIEW

Elle a été chargée, il y a plus de trois ans, par Emmanuel Macron, de défendre la francophonie à travers le monde. Et depuis, son attachement viscéral pour la langue française ne s'est pas distendu. Bien au contraire : à l'occasion de la publication de son dernier roman, Le Parfum des fleurs la nuit (collection "Ma nuit au musée", éditions Stock), l'écrivaine Leïla Slimani a défendu vendredi au micro de Patrick Cohen sur Europe 1 une vision enamourée de cette langue, de ses mélanges divers et de sa richesse globale.

Le français, une "langue qui se créolise"

Pour la romancière, le français n'est rien de moins qu'"un joyau" et "une langue extraordinaire". "Pour moi, c'est une langue plastique, qui se créolise, qui vit avec les autres langues. C'est une langue qui s'imprègne de toutes les autres langues", salue-t-elle, évoquant l'exemple du très populaire "seum", mot venu de l'arabe "sèmm", qui signifie "poison".

" L'arabe est une langue absolument magnifique, qui n'est pas la langue des islamistes "

C'est au nom de ce métissage nécessaire que Leïla Slimani défend constamment "la promotion du français" dans ses interventions médiatiques et ses productions littéraires. "Tout comme je pense qu'en France, on devrait apprendre plein de langues, dont l'arabe d'ailleurs. C'est une langue absolument magnifique, qui n'est pas la langue des islamistes."

>> Retrouvez ci-dessous l'intégralité de l'entretien de Leïla Slimani avec Patrick Cohen : 

Un rôle surévalué dans la colonisation ?

Quid des controverses visant la langue française, accusée d'avoir été un instrument de l'oppression coloniale ? "Bien sûr, on a beaucoup parlé du fait qu'elle a été imposée. Mais en fait, ce n'est pas si vrai que ça", corrige Leïla Slimani. "D'abord parce que la langue française était très, très peu enseigné aux gens qui ont été colonisés", dit-elle à propos de ce "fantasme" d'une langue répandue.

En réalité, affirme la romancière de 39 ans, "le français a souvent été enseigné après, au moment des indépendances, par les nationalistes. C'est ce qui est intéressant : ce sont les jeunes États indépendants qui embrassent cette langue avec l'idée suivante : 'On a réussi à battre les Français avec leur langue, avec leurs valeurs'. Et moi, j'aime bien cette idée 'je vous prends ce butin et je l'utilise presque contre vous'", confie-t-elle, 65 ans après l'indépendance de ce Maroc qui l'a vu naître.