Karine Viard : dans Chanson douce, "on joue à se faire peur, avec des choses très réelles"

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Romain David
À l'affiche de l'adaptation de "Chanson douce", le roman de Leïla Slimani, Karine Viard a raconté mercredi au micro d'Europe 1 pourquoi elle a absolument tenu à incarner le personnage de la nourrice dans ce thriller psychologique.
INTERVIEW

Il est l’un des Goncourt qui a fait le plus de bruit ces dernières années. Chanson douce, le roman de Leïla Slimani, couronné en 2016 par la plus prestigieuse des récompenses littéraires françaises, débarque dans les salles obscures mercredi. Une adaptation signée Lucie Borleteau, dont Europe 1 est partenaire, et portée par Karine Viard, dans le rôle d’une inquiétante nourrice recrutée par Leïla Bekhti, en jeune mère débordée.

Happée par le roman de Leïla Slimani, Karin Viard s’est elle-même portée acquéreure des droits du livre. "J’ai lu le roman, ça m’a torpillé et je me suis dit : 'j’aimerai jouer le rôle de cette femme si particulière, si mystérieuse, si fascinante et terrifiante en même temps'", explique-t-elle au micro de Matthieu Belliard, dans la matinale d’Europe 1.

Un thriller qui se nourrit du quotidien de tout un chacun

Le film, comme le roman, raconte la lente immixtion de son personnage dans le quotidien d’un jeune couple. La nourrice, qui a su se rendre indispensable, va très vite devenir envahissante, problématique. Le film s’achève là où commence le roman ; à la différence du livre, qui épluche de manière chirurgicale l’origine du fait divers dont il s’inspire, le film se construit de manière très hitchcockienne et ménage son spectateur jusqu’à la catastrophe finale. "C’est un choix que l’on a fait : faire monter le suspense et ne pas dévoiler la fin dès le départ", pointe Karin Viard.

"Mon personnage trimbale une détresse et une solitude abyssale qui pourrait expliquer son comportement inapproprié. C’est comme ça, en tout cas, que je l’ai construit", poursuit l’actrice pour qui la force de cette histoire tient aussi à sa banalité : une mère, tiraillée entre ses enfants et son travail, fait appel à une employée de maison. "Il y a un grand principe de réalité dans ce film. On joue à se faire peur, avec des choses très réelles. Il est très réel qu’une femme se retrouve prisonnière de certains schémas", relève Karin Viard. "Sur ce canevas-là, hyper réaliste, se joue un thriller psychologique."

Un thriller qui inverse également certains stéréotypes sur les rapports de domination entre employeur et employé. "Là où les rapports sont assez inédits, c’est que la femme maghrébine est la patronne et cette nourrice est blanche et plus âgée", indique Karin Viard.