Karine Le Marchand sur "Opération Renaissance" : "La chirurgie n'est pas une baguette magique"

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Alexis Patri
Karine Le Marchand dévoile lundi sur M6 le premier épisode de sa nouvelle émission "Opération Renaissance". Invitée de "Culture Médias" vendredi, elle a détaillé le principe de cette émission suivant des personnes obèses ayant recours à la chirurgie bariatrique. Le tournage s'est étalé sur trois ans, une volonté de l'animatrice.
INTERVIEW

Avec sa nouvelle émission Opération Renaissance qui débute lundi soir sur M6, Karine Le Marchand et une équipe de spécialistes accompagnent 9 femmes et 1 homme obèses qui ont recours à la chirurgie bariatrique pour perdre du poids. Ces 10 personnes ont recours à différentes techniques d'opération du système digestif. Invitée de Culture Médias vendredi, Karine Le Marchand explique comment cette émission se distingue d'autres traitant du même sujet, avec notamment un suivi des participantes et participant sur 3 ans.

"Je suis des personnes au moment où elles décident finalement de vivre avec une vie saine et de dire stop à un système dont elles ne voient plus d'issue que la mort", explique Karine Le Marchand, également productrice de l'émission.

"Tous les patients parlaient de renaissance, ça m'a fait tilt"

L'émission est découpée en 5 soirées suivies. À partir de 21h05, Opération Renaissance suit le parcours des personnes obèses jusqu'à l'opération. À 23h, Opération Renaissance : deux ans pour apprendre à s'aimer prend le relai. Cette déclinaison suit les participants dans leur relation avec leur nouveau corps, et leur objectif de stabilisation de leur nouveau poids.

Karine Le Marchand, à l'origine du concept de l'émission, a eu cette idée en rencontrant un chirurgien esthétique spécialiste de la chirurgie réparatrice. "Quand on perd beaucoup de poids en quelques mois, ça a des conséquences sur la peau. Et on a des gens qui, habillés, une silhouette assez mince, mais qui, déshabillés, se détestent", a-t-elle découvert. "Cette personne m'a fait lire des lettres de ses patients et tous parlaient de renaissance. Ça m'a fait tilt."

Inquiétude des militants anti-grossophobie

L'animatrice rappelle que l'obésité touche 7 millions de personnes en France, et le surpoids un Français sur trois. "Ils ne sont pas représentés à la télé, à la radio, au cinéma. Ou si peu. Mais tout le monde a son avis sur la perte de poids. Ça génère des milliards d'euros", rappelle-t-elle. "Tout le monde sait comment perdre du poids et les obèses que j'ai pu rencontrer ont fait des dizaines de régimes. Mais s'il y a quelque chose dont on ne parle jamais, c'est la stabilisation."

Après la diffusion de la bande-annonce de l'émission, plusieurs personnalités et associations anti-grossophobie ont craint à la fois une vision idéalisée des chirurgies bariatriques, qui sont risquées, et une spéctacularisation de leur parcours. Ils ont donné l'alerte via le hashtag #PasMaRenaissance. Vendredi, le collectif "Gras Politique" a dénoncé dans une tribune, signée par 170 associations, une émission qui risque de "contribuer à la grossophobie ambiante".

"Les personnes obèses sont considérées comme mortes-vivantes tant qu'elles ne réussissent pas à maigrir", alerte la tribune. Karine Le Marchand explique de son côté qu'elle veut, dans cette émission, mettre l'accent sur tout ce qui entoure la chirurgie dans la perte de poids, sans avoir été interrogée directement sur cette tribune ou sur le hashtag #PasMaRenaissance.

Des cicatrices physiques et psychiques

Pour traiter ce sujet et suivre dix patients, Karine Le Marchand s'est entourée d'une équipe. "J'ai réussi à rassembler un protocole médical hors normes avec des chirurgiens, psychiatres, psychologues, hypnothérapeutes, coachs, etc.", énumère l'animatrice télé. "On a créé quelque chose qui n'existe pas dans la vraie vie."

Elle précise que l'opération ne règle pas tout. "C'est très important de ne pas faire croire que la chirurgie est une baguette magique et que quand on va perdre du poids, on va retrouver une silhouette de jeune fille ou de mannequin. Ce n'est pas vrai", précise-t-elle. "Quelqu'un qui a été obèse aura toujours une cicatrice psychique, mais aussi physique de son obésité. On a travaillé avec des médecins extraordinaires pour réparer la peau après la perte de poids. Mais quand bien même, leur peau aura des cicatrices. Des cicatrices qu'elles apprennent à aimer."