Frédéric Mitterrand, ancien ministre de la Culture et auteur de "Brad", était l'invité d'Europe Matin jeudi. 3:35
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Laura Laplaud , modifié à
Alors que Johnny Depp était, en ouverture du Festival de Cannes mardi, sur les marches du tapis rouge, sa présence a suscité la polémique. L'acteur américain a répondu à ses détracteurs affirmant que ce qui a été écrit sur lui était en grande partie "une fiction horrible". Invité d'Europe Matin jeudi, l'ancien ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, revient sur les polémiques qui traversent le Festival de Cannes.

Du 16 au 27 mai, tous les regards sont braqués sur la Croisette pour la 76e édition du Festival de Cannes. Un moment du cinéma rythmé par quelques controverses comme la présence de l'acteur américain Johnny Depp, pour le film Jeanne du Barry de Maïween. Une présence dénoncée par un collectif d'actrices et d'acteurs. "En déroulant le tapis rouge aux hommes et aux femmes qui agressent, le festival envoie le message que dans notre pays nous pouvons continuer d’exercer des violences en toute impunité, que la violence est acceptable dans les lieux de création", signent-ils dans une tribune.

Johnny Depp a d'ailleurs répondu à ses détracteurs mercredi au Festival de Cannes, en affirmant que ce qui a été écrit sur lui, lors de son procès avec son ancienne épouse Amber Heard, était en grande partie "une fiction horrible". 

Invité d'Europe Matin jeudi, l'ancien ministre de la Culture Frédéric Mitterrand est revenu sur la polémique. "Il a été acquitté. À partir du moment où l'on est acquitté, on peut penser que ça devrait s'arrêter. Et bien non", a-t-il lancé regrettant la terreur de cette révolution féministe.

"Dans toutes les révolutions, il y a des épisodes de terreur"

"C'est le symptôme d'une double chose. D'une véritable révolution, profitable, souhaitable, qui fait que les femmes accèdent enfin à un certain nombre de positions, qu'elles peuvent légitimement occuper. Et la deuxième chose, comme dans toutes les révolutions, il y a des épisodes de terreur. Et donc, celle qui dit 'je ne veux plus lire de livres d'hommes, je ne veux plus voir de films d'hommes', c'est une folie", a-t-il jugé au micro d'Europe 1 faisant référence aux propos tenus par l'élue EELV Alice Coffin.

"Celle qui dit 'je quitte le cinéma, je fais la grève parce que c'est un repaire de machistes', etc... Il y a quelque chose de mortifère dans cette manière de faire", a-t-il ajouté faisant ici référence à la décision radicale d'Adèle Haenel.

Dans une lettre ouverte publiée par nos confrères de Télérama mardi 9 mai 2023, Adèle Haenel a annoncé son retrait du monde du cinéma. Elle déclarait : "J'ai décidé de politiser mon arrêt du cinéma pour dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels et plus généralement, la manière dont ce milieu collabore avec l'ordre mortifère écocide raciste du monde tel qu'il est."

"Ce sont les jusqu'au-boutistes de la terreur"

"Tout cela est déraisonnable", répond l'auteur de Brad aux éditions XO. "Il y a quelque chose qui détruit, quand on dit 'je ne dirai plus de livre d'hommes, je ne verrai plus de films d'hommes, je quitte ce repaire de violeur', ce sont les jusqu'au-boutistes de la terreur."

Adèle Haenel est connue pour ses prises de positions fermes. Elle avait notamment quitté la cérémonie des César, en 2020, le poing levé, pour dénoncer la consécration de Roman Polanski, accusé de viols ou d'agressions sexuelles. "C'est tout à fait son droit, c'est terrible à dire mais ça me rend triste pour elle, si elle écoute ça, ça va la rendre folle mais elle s'ampute de quelque chose, elle se blesse volontairement. Ce n'est pas comme ça que l'on mène la lutte. Elle fait la grève du cinéma, et alors ? Il y a des milliers de jeunes femmes talentueuses qui sont prêtes à la remplacer tout de suite. Tout ça est absurde", a conclu Frédéric Mitterrand sur Europe 1.