Jean-Paul Belmondo, l'As des as du cinéma français

Jean-Paul Belmondo
Jean-Paul Belmondo est mort lundi à l'âge de 88 ans. © AFP
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Alcyone Wemaëre
Acteur phare de la Nouvelle Vague dans les années 1960, Jean-Paul Belmondo, mort lundi à l’âge de 88 ans, a enchaîné durant les décennies suivantes les succès populaires et largement conquis le cœur des Français. Le cinéma français perd l'une de ses plus grandes icônes.

L'As des as du cinéma français n'est plus. Jean-Paul Belmondo est mort lundi à 88 ans à son domicile, a annoncé son avocat à l'AFP. Pendant plus de soixante ans, l'acteur aura été l'une des grandes vedettes françaises du septième art. Des films d'art et d'essai à ses débuts au cinéma plus populaire dans la suite de sa carrière, Jean-Paul Belmondo a conquis les Français avec des personnages souvent attachants, gouailleurs et plein de panache. Sympathique à l'écran comme dans la vie, "Bébel" disait que le destin l'avait comblé. Retour sur l'itinéraire de cet acteur gâté.

Un enfant de la balle

Jean-Paul Belmondo naît en 1933 dans une famille d'artistes : son père, Paul Belmondo, est un sculpteur renommé et sa mère fait de la peinture. À l'école, le petit Jean-Paul est un cancre qui se fait renvoyer régulièrement. Mais l'élève indiscipliné a de nombreux amis, déjà. Jouer au foot avec les copains au poste de gardien de but, voilà ce qui lui plaît. Et puis il y a aussi les sorties en famille, au théâtre et au cinéma. L'adolescent a trouvé sa vocation : il sera comédien.

Laborieusement admis au Conservatoire d'art dramatique, Jean-Paul Belmondo n'a pas les faveurs des professeurs. Son physique atypique et sa décontraction cadrent mal avec le classicisme ambiant. Sous prétexte qu’il ne pourrait tenir une femme dans ses bras sans que la salle n’éclate de rire, il est relégué aux rôles de valets. Jamais primé au Conservatoire, le jury ne lui accordera qu'un simple accessit en 1955 malgré l'ovation de ses camarades de promo. Porté en triomphe par sa bande, il quitte la salle en adressant un doigt d'honneur aux jurés.

Le souffle de la Nouvelle Vague

C'est par un autre bras d'honneur, cinématographique celui-là, que Jean-Paul Belmondo accède à la notoriété, en 1960. La scène qui ouvre À bout de souffle - le tout premier film qui va le révéler au grand public - est, en effet, un beau pied-de-nez au "cinéma de papa". On peut y voir Jean-Paul Belmondo, au volant d'une voiture s'adresser, face caméra, au spectateur en lui disant… "d'aller se faire foutre".

Dans ce film emblématique de la Nouvelle Vague réalisé par Jean-Luc Godard, Jean-Paul Belmondo, face à Jean Seberg, brille par son naturel et sa simplicité. Ce cinéma qui filme "la vie comme elle est" lui va bien. À bout de souffle change la sienne : désormais, tout le monde veut tourner avec lui. Il sera éternellement reconnaissant au cinéaste de l'avoir choisi pour ce film "sans script" et tourné dans la rue. "C'est Godard qui m'a fait aimer le cinéma", confiait-il encore à Libération en 1999. Avec Pierrot le fou, en 1965, JLG lui donnera un autre de ses plus beaux rôles, aux côtés d'Anna Karina cette fois.

Belmondo s'impose vite comme l'un des acteurs incontournables de sa génération. Dans Un singe en hiver de Henri Verneuil, son partenaire s'appelle Jean Gabin. Les dialogues sont signés Michel Audiard. "Môme, t'es mes vingt ans !", lance Gabin à l'adresse de Belmondo dans l'une des scènes du film.

Les années "Bébel"

Avec L'Homme de Rio, signé Philippe Broca, Belmondo bascule dans un autre genre : le film d'action mettant en scène un héros séducteur et plein d'humour. Le film est un gros succès public et critique. Steven Spielberg ne cachera pas s'en être inspiré pour sa saga Indiana Jones. Dans cette seconde partie des années 1960, Belmondo alterne encore films d'art et d'essai et films populaires : en 1969, par exemple, il est ainsi à l'affiche de Le Cerveau signé Gérard Oury et La Sirène du Mississippi de François Truffaut.

Dans les années 1970 et 1980, Belmondo tourne surtout dans des films de pur divertissement : polars, comédies, films d'aventure… Avec La Scoumoune, Le Magnifique, L'Animal, Le Professionnel et encore L'As des as, il enchaîne les succès au box-office. La critique, elle, fait de plus en plus la moue. En 1988, sa performance dans Itinéraire d'un enfant gâté, un film de Claude Lelouch, lui vaudra un César… qu'il refusera d'aller chercher.

L'AVC et les amours controversées

En 2001, alors qu'il est en Corse chez son ami Guy Bedos, Belmondo est foudroyé par un accident vasculaire cérébral (AVC). L'As des as se remet difficilement. C'est après cet AVC qu'on le voit de plus en plus régulièrement à la Une des magazines people. Lui qui avait toujours farouchement protégé sa vie privée pose avec "Natty", une ex-Coco girl épousée en 2002. La sulfureuse Barbara Gandolfi lui succèdera, suscitant l'embarras de son entourage. 

Malgré les imbroglios médiatico-judiciaires, le clan Belmondo restera toujours proche du patriarche. Son fils, Paul, et sa fille Florence, bien sûr, mais aussi les amis de toujours : Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Pierre Vernier… Invité d’Europe 1 à l’occasion de la parution de ses mémoires, Mille vies valent mieux qu’une, "Bébel" se disait "né avec le moral" : "Ma mère et mon père me disaient toujours, ‘si tu as des ennuis, tu vas les vaincre’, et j’ai toujours vaincu."