Jean-Pascal Zadi est à l'affiche avec son film Tout simplement noir. 1:41
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Baptiste Denis , modifié à
A l'affiche du film "Tout simplement noir", dont il est également co-réalisateur, Jean-Pascal Zadi était l'invité de Culture Médias, mercredi, sur Europe 1. Il y a raconté notamment les difficultés qu'il a eues pour financer cette comédie qui ambitionne de parler de la place des Noirs dans la société française.
INTERVIEW

Tout simplement noir, qui sort ce mercredi en salle, retrace l'histoire de "JP", acteur raté qui rame après avoir participé à de nombreux castings. Le personnage principal, interprété par Jean-Pascal Zadi, qui a également co-réalisé le film, décide alors de préparer la première "marche de l'homme noir pour la dignité". La caméra le suit alors qu'il tente de convaincre des personnalités noires influentes, comme Lilian Thuram, Fary, Joey Starr, Fabrice Eboué ou Soprano, de l'accompagner dans sa lutte. Résultat : une comédie aux allures de faux documentaire, un peu à la manière de C'est arrivé près de chez vous, qui s'applique, derrière les blagues, à dénoncer les violences policières ou la place réservée aux acteurs noirs dans l'Hexagone.

"Un projet que je portais depuis 2015"

Mercredi, pour la sortie du film, Jean-Pascal Zadi s'est livré au micro de Pascale Clark dans "Culture Médias" sur Europe 1. Et il a notamment évoqué la difficulté d'accoucher de ce film. Le réalisateur-scénariste de 39 ans a attendu quatre longues années avant de voir son film sur les écrans. "C'est un projet que je portais depuis 2015. J'ai eu pas mal de refus des boites de production. Des gens m'ont dit que les Noirs n'intéressaient personne. On m'a dit que je n'étais pas assez sérieux et que l'on ne peut pas monter un film sur moi. Que l'on me dise que je n'ai pas le profil du réalisateur sérieux m'a embêté", raconte-t-il.

C'est finalement Gaumont qui a décidé de financer le long-métrage, sans savoir que le sujet serait brûlant à la sortie du film, qui tombe juste après la mort de George Floyd et les mouvements Black Lives Matter. 

"On a essayé d'être fidèles à nous-mêmes"

"D'origine africaine", Jean-Pascal Zadi a grandi en Normandie en affrontant le racisme au quotidien. "Etant noir et français, il est clair que j'ai beaucoup été confronté à des situations de racisme. Je conçois que cela puisse être traumatisant pour beaucoup, mais moi je l'ai plutôt vécu comme une force", témoigne l'artiste né à Bondy, en Seine-Saint-Denis. Lui a utilisé la comédie "pour en faire une arme" contre ces discriminations. "On a essayé d'être fidèles à nous-mêmes et comme le fond n'est pas dégueulasse, voilà, ça fait un film assez cool", conclut-il.

"C'est un peu le Candide de Voltaire", explique le co-réalisateur au sujet de son propre rôle devant la caméra. "Il balance des vérités qu'il ne faut parfois pas dire. En même temps il est un peu hautain, sous prétexte qu'il milite pour une cause noble, il se permet des 'trucs de ouf' aux gens. C'était bien de jouer avec ce paradoxe."

"On est plus Noirs dans le regard des gens, qu'entre nous"

Dans le film, les aventures de "JP" reflètent parfois avec absurdité le racisme ambiant en France. "On a essayé d'avoir un point de vue extérieur et aussi intérieur, au sein de notre communauté, pour montrer la complexité du phénomène", détaille Jean-Pascal Zadi. "Dans le film, on s'aperçoit que l'on est tous noirs de peau, mais qu'à part ça, il n'y a pas grand chose qui nous unit. Finalement, on est plus Noirs dans le regard des gens qu'entre nous."