"J'ai eu une fatwa sur ma tête" : Véronique Sanson revient sur l'affaire déclenchée par sa chanson "Allah"

En 1988 Véronique Sanson sortait Allah, un titre qui se veut une supplique à ce dernier contre les crimes commis en son nom. Pourtant, il déclenche une polémique et la chanteuse reçoit même des menaces de morts.
En 1988 Véronique Sanson sortait Allah, un titre qui se veut une supplique à ce dernier contre les crimes commis en son nom. Pourtant, il déclenche une polémique et la chanteuse reçoit même des menaces de morts. © Capture d'écran
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Ugo Pascolo
Invitée d'"Icônes" sur Europe 1, la chanteuse Véronique Sanson est revenue sur la polémique déclenchée par sa chanson "Allah", sortie en 1988. Elle explique également pourquoi elle a décidé de ne plus interpréter ce titre qu'elle considère pourtant comme une "chanson d'amour" qui a été "très mal comprise".
INTERVIEW

C'est une chanson qui a disparu de son répertoire. En 1988 Véronique Sanson sortait Allah, un titre qui se veut une supplique à ce dernier contre les crimes commis en son nom. Pourtant, il déclenche une polémique et la chanteuse reçoit même des menaces de morts, alors que la chanson est très diffusée dans les médias. Invitée d'"Icônes" sur Europe 1, l'artiste revient sur le sens de cette chanson et explique pourquoi elle a décidé de ne plus l'interpréter. 

"Il y a des crétins partout"

"Non, je ne chante plus Allah. Vous savez, il y a des crétins partout et j'ai eu une fatwa sur ma tête", rappelle la chanteuse qui trouve "un peu ridicule de tenter le diable". Pourtant, lorsque le titre sort en novembre 1988, il ne pose aucun problème. Mais les répercussions de l'affaire Versets sataniques, publiés un mois plus tôt, vont rapidement changer la donne. Le quatrième roman de Salman Rushdie déclenche en effet une vive réaction dans le monde musulman à cause d'une description du prophète Mahomet jugée par certain comme irrévérencieuse. Le livre sera banni de plusieurs pays et son auteur fera l'objet d'une fatwa réclamant son exécution, le 14 février 1989. 

Une "chanson d'amour très mal comprise"

C'est donc dans ce contexte tendu que Véronique Sanson commence à recevoir des menaces de mort alors qu'elle doit se produire à l'Olympia. "On a fait l'amalgame avec les Versets sataniques, c'est une chanson d'amour qui a été très mal comprise. Dans ce titre, on peut notamment entendre : "Allah/À quoi te sert d'avoir un nom/Pourquoi ce feu, ce tonnerre (...). Si j'étais toi, je serais pas fière (...). Au nom de quoi fais-tu la guerre/À quoi te sert d'avoir un nom/C'est pour souiller le désert/Avec le sang versé pour Allah."

Mais ce qui a mis "le feu aux poudres" en France, c'est un article paru dans le Journal du Dimanche affirme Véronique Sanson. Un article dont le titre était "Véronique Sanson apostrophe Allah".

Par ailleurs, la chanteuse rappelle qu'au départ la chanson ne s'intitulait pas Allah mais Dieu. Hésitant entre les deux mots qui parsèment également la chanson, c'est Michel Berger qui lui a dit que "c'était mieux", raconte-t-elle. "Et donc j'ai dit Allah dans la chanson parce que ça sonnait mieux que Dieu."