Le film de Roman Polanski "J'accuse" a été nommé dans douze catégories. 3:00
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Jonathan Grelier , modifié à
Les nominations du film "J'accuse" de Roman Polanski dans douze catégories pour les Césars 2020 ont été dénoncées par des associations féministes à cause des accusations de violences sexuelles qui planent sur le réalisateur. "Là, c'est comme si l'Académie des Césars disait que tout ça n'avait pas d'importance", regrette au micro d'Europe 1 Sandrine Rousseau, ancienne porte-parole d'EELV et fondatrice de l'association Parler. 
INTERVIEW

Le cinéma français ne semble pas avoir tiré les enseignements du mouvement MeToo. En tout cas, la question se pose au lendemain des nominations pour les Césars. En cause : la nomination du film J'accuse de Roman Polanski, qui a été encore récemment accusé de viol, dans douze catégories. Pour l'ex-porte-parole d'EELV, Sandrine Rousseau, qui avait dénoncé les agissements de l'homme politique Denis Baupin et a fondé l'association Parler, c'est la "preuve" que la parole des femmes n'est pas encore assez entendue et que "le traitement" n'est pas le même selon que l'on soit "faible ou puissant", comme elle le dénonce jeudi au micro d'Europe 1.

"Un grand homme, c'est avant tout un homme qui est respectable"

"Les douze nominations sont douze affronts faits à la parole des femmes. Je rappelle qu'il y a douze personnes qui accusent Roman Polanski de violences sexuelles, agressions et viols, et la plupart dans l'enfance, la plus jeune ayant 10 ans", s'indigne Sandrine Rousseau. "Là, c'est comme si l'Académie des Césars disait que tout ça n'avait pas d'importance et que finalement seul l'artiste comptait. Mais un grand homme c'est avant tout un homme qui est respectable et qui passe devant la justice."

"Le cinéma français a du mal à se positionner"

Une chose est sûre, la cérémonie des Césars, qui se déroulera salle Pleyel à Paris le 28 février, promet d'être explosive. En effet, l'actrice Adèle Haenel, qui a dénoncé des attouchements d'un réalisateur, nommée dans la catégorie "meilleure actrice" pour Portrait de la jeune fille en feu, devrait être présente, tout comme Roman Polanski.

"Ça incarne le fait que le cinéma français a du mal à se positionner vis-à-vis [de ces controverses]", déclare Sandrine Rousseau. "Adèle Haenel, dont toute la communauté du cinéma a salué le courage, est mise en valeur. Et à côté de ça on ne tire pas les conclusions sur un cinéaste qui est Roman Polanski", se désole-t-elle également. Et de conclure : "Je trouve que c'est vraiment très arrogant, parce que quand il a lancé le film J'accuse, dans le premier communiqué de presse de lancement, il se comparait lui-même à Dreyfus et là c'est vraiment pas possible. C'est-à-dire qu'on a quelqu'un qui fuit la justice, qui est accusé par douze personnes et aujourd'hui je pense que les temps sont au respect de la parole de ces femmes."