INTERVIEW - Elsa Zylberstein et Artus, stars de «Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée» : «C’est jouissif d’aller vers le politiquement incorrect »

Artus et Elsa Zylberstein
Artus et Elsa Zylberstein sont à l'affiche de "Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée" © Copyright 2023 VENDÔME FILMS – TF1 FILMS PRODUCTION - TF1 STUDIO - BESIDE PRODUCTIONS
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Solène Delinger / Crédits photo : Copyright 2023 VENDÔME FILMS – TF1 FILMS PRODUCTION - TF1 STUDIO - BESIDE PRODUCTIONS , modifié à
Ce mercredi 9 août 2023 sort en salles "Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée", un film totalement barré dans lequel on retrouve Artus dans le rôle de Sébastien, un contrôleur de train très consciencieux, et Elsa Zylberstein alias Madeleine, une inspectrice au bord de la crise de nerfs. Embarqués dans un trajet de routine, Sébastien et Madeleine, vont se retrouver confrontés à des situations plus improbables les unes que les autres. Et l'un d'entre eux gèrera beaucoup mieux ses émotions que l'autre…A l'occasion de la sortie du film, Europe 1 a rencontré Artus et Elsa Zylberstein, deux acteurs drôlissimes et irrévérencieux qui adorent repousser les limites du rire. Interview. 

Il fait beau et chaud et vous n'avez pas envie de vous enfermer au cinéma ? Le film Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée pourrait bien vous faire changer d'avis… Originale, drôlissime et  bien sentie, cette comédie est un vrai bol d'air frais. Et on se délecte du jeu d'acteur d'Elsa Zylberstein et Artus, qui ont vraiment tout donné sur le tournage. Interview. 

Elsa Zylberstein, qu'est-ce que ça fait de porter le costume d'une inspectrice de la SNCF (ndlr : SNTF dans le film) ? 

Elsa Zylberstein : Ça aide à se mettre dans la peau de ce personnage qu'on a créé ensemble avec le metteur en scène. C'est une idée d'une femme possible, un fantasme, une femme qui n'existe peut-être pas. On a essayé de créer une fille assez rigoureuse, en apparence structurée, très carrée, qui est rassurée par tout ce qu'elle peut maîtriser. Et en fait, au fond, c'est l'opposé. Madeleine cherche l'amour et elle est perdue. Elle vit avec son petit frère, elle se sent seule. Elle fait croire qu'elle est quelqu'un mais en fait elle est une autre.

Son rapport aux hommes est assez particulier aussi. On sent qu'elle est vraiment prête à tout pour trouver l'amour… 

E.Z : Oui, c'est vrai qu'elle a un peu la dalle (Rires). Elle devient totalement folle dès qu'elle voit un supporter de foot dans le train. En fait, c'est une fille qui est en quête de sens, et c'est ça qui m'intéresse au cinéma, prendre des personnages en mutation, qui sont dans une phase de désespoir, ou bien sur le fil. C'est exactement le cas de Madeleine : elle n'a pas envie d'être là, dans ce train, mais elle doit faire le job. Alors forcément, ça déborde et ça explose à un moment. 

Artus, le personnage que vous incarnez, Sébastien, est au contraire très calme et consciencieux… 

Artus : Oui, je suis pour une fois la caution normale d'un film (Rires). Ce n'est pas moi qui suis le personnage comique du film et ça change ! 

E.Z : Tu es néanmoins très très drôle…

Surtout quand on voit que vous essayez de garder votre calme dans toutes les situations, même les plus ubuesques !

A : Oui mais mon personnage pète un câble à un moment quand même… Et il craque quand il comprend que Madeleine, son inspectrice, va lui mettre une mauvaise évaluation et que c'est foutu dans tous les cas. Avant, il prenait sur lui car les enjeux sont très importants pour lui : il s'apprête à emménager dans le sud de la France avec sa femme qui est enceinte. Il ne peut pas se permettre de perdre son job. 

Les dialogues du film sont très osés, avec notamment des blagues autour de stéréotypes xénophobes et racistes. Est-ce que vous avez hésité à aller aussi loin ? 

E.Z : Je ne me dis jamais que c'est trop osé ou trop sensible. Je trouve que l'époque est affolante pour ça. Moi au contraire, j'aime les films forts et totalement dingues. On dit toujours : est-ce qu'on pourrait faire ça aujourd'hui ? Oui mais alors essayons, faisons-le ! Quand on rencontres un réalisateur comme lui, le Belge Olivier Van Hoofstadt, et qu'il ose un film comme ça, on s'y engouffre ! C'est assez jouissif d'oser aller, avec audace et irrévérence, vers le politiquement incorrect dans un monde qui est aujourd'hui extrêmement policé.

A : Je suis d'accord avec Elsa. C'est de plus en plus dur d'aller aussi loin aujourd'hui. C'est d'ailleurs pour ça que je crée des personnages sur scène, car ils peuvent se permettre de dire plus de choses. On ne devrait pas se poser la question au cinéma puisqu'il nous permet de mettre un coup de pied là-dedans et de jouer des personnages méchants, racistes, bêtes ou très intelligents. 

Les propositions subversives se font-elles de plus en plus rares ? 

A : Oui car on se pose beaucoup trop de questions en France. On ne laisse même pas le public dire s'il trouve que le scénario va trop loin ou pas. Ce sont les producteurs qui s'autocensurent en amont. On anticipe un "bad buzz" parce que ça s'est déjà passé aux Etats-Unis, mais nous ne sommes pas des Américains ! 

E.Z : Et en plus, je pense que le public a besoin de ces rires libérateurs ! Ça décomplexe aussi… Les gens ont envie de se marrer, comme nous !

Qu'est-ce qui vous a le plus fait rire sur le tournage ? 

A : On a pas mal décroché quand même… (Rires). C'était très dur de rester concentré face à Elsa, parce qu'elle était totalement habitée par son personnage, qui a toujours les larmes aux yeux et qui est hyper borderline. 

E.Z : Il y a beaucoup de scènes extrêmement drôles, notamment celle avec les singes. J'ai eu vraiment peur quand j'étais face à eux. J'ai dû énormément travailler pour me calmer. Comme je suis une "warrior", je me disais : "Il faut que ça le fasse pour la scène". 

Elsa, vous incarniez Simone Veil dans votre dernier film. Vous changez totalement de registre… 

E.Z : Oui, et je pense que c'est important pour un acteur de pouvoir passer d'un monde à l'autre sans peur et avec beaucoup de joie. Personnellement, je ne me fixe aucune limite. Incarner Simone Veil était un challenge fou, un véritable travail d'incarnation. Mais c'était également difficile de jouer dans une comédie comme celle-ci. 

Artus, vous passez quant à vous du stand up au cinéma et vous allez bientôt retrouver la scène pour une tournée. Où vous sentez-vous le mieux ? 

A : Ce n'est pas du tout le même plaisir ! Sur scène, il y a une proximité et une immédiateté qui sont très agréables.