Il y a 90 ans, le cinéma se mettait à parler

L'acteur Al Jolson au moment de scander sa première réplique dans "Le chanteur de jazz".
L'acteur Al Jolson au moment de scander sa première réplique dans "Le chanteur de jazz". © Capture d'écran
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Guillaume Perrodeau , modifié à
"Le chanteur de jazz", premier film parlant, est sorti en le 6 octobre 1927. Les prémices d'un basculement fondateur pour le septième art.

281 mots au total. 281 mots au cours des 90 minutes du film Le chanteur de jazz d’Alan Crosland. D'abord une réplique culte de l'acteur Al Jolson à un public ravi. Et puis un bref dialogue, dans lequel Al Jolson s'adresse à sa mère et se met à chanter, accompagné de notes de piano. 281 mots pour l'histoire, lors de la sortie du long-métrage le 6 octobre 1927. L'arrivée du parlant dans le cinéma, art jusqu'alors muet.

Sonore et parlant. Historiquement, il faut tout de même préciser qu'Al Jolson avait déjà poussé la voix lors d'un précédent court-métrage de dix minutes, quelques mois plus tôt. Ainsi dans Une scène de laplantation, il lâchait déjà une réplique. Avant Le chanteur de jazz, il y eut même un premier film sonore, Don Juan (1926), du même réalisateur américain. Mais le procédé technique du Vitaphone - qui permet l'arrivée du parlant - servait ici seulement l'accompagnement musical, pour un long-métrage où la parole humaine des personnages était absente.

La fin d'un cycle. Avec Le chanteur de jazz, la société Warner et Alan Crosland frappent un grand coup. Désormais on peut aller au cinéma et entendre parler. Le géant de la production le fait savoir et n'hésite pas à mettre en avant son procédé du Vitaphone pour attirer le public en salles. Un nouveau monde artistique s'ouvre, alors qu'un autre s'effondre sans le savoir encore. En effet, le cinéma muet ne se relèvera pas du succès en salles du Chanteur de jazz, projeté pour la première fois le 6 octobre 1927 devant 1.300 personnes.

Dans sa disparition, le cinéma muet entraîne aussi certaines stars avec lui, comme Buster Keaton, Douglas Fairbanks (sur lequel The Artist avait basé son histoire) ou encore Mary Pickford. Tous avaient connu les glorieuses années du septième art cantonné au silence. Désormais, ce ne sont plus avec eux que les studios écriront l'histoire du cinéma.