Gare de Limoges : disparus et cachés depuis 41 ans, des décors art déco retrouvés

gare de Limoges crédit : Capture d'écran Google Street View - 1280
Des décors de la gare de Limoges ont été découverts 41 ans après avoir été sauvés de la destruction. © Capture d'écran Google Street View
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avec AFP
Une carte touristique et une frise de porcelaine datant de 1929 issus de la gare de Limoges ont été retrouvés 41 ans après avoir été cachés pour échapper à la destruction.

Disparus depuis 41 ans et cachés par un cheminot amoureux du patrimoine, des décors art déco de 1929 qui ornaient l'intérieur de la gare de Limoges-Bénédictins, en Haute-Vienne, une des plus belles gares de France, viennent d'être retrouvés, a annoncé lundi une association locale.

Ces décors, une grande carte touristique de la région enchâssée dans une menuiserie de 6,30 mètres de haut surmontée d'une frise de carreaux en porcelaine de Limoges, étaient promis à la destruction lors de la rénovation de la gare en 1978, a indiqué à la presse Jacques Ragon, président de l'association locale HistoRail ayant récupéré le décor.

Des décors cachés à une vingtaine de kilomètres de la gare

À la fin des années 70, René Brissaud, un cheminot aujourd'hui décédé, est chargé du chantier de démolition : les guichets, les salles d'attente sont coupés à la tronçonneuse, raconte Jacques Ragon. Amoureux du patrimoine, le cheminot "décide alors avec son équipe, à l'encontre des ordres de sa hiérarchie, de détourner un wagon et d'acheminer clandestinement ces éléments jusqu'à Saint-Léonard-de-Noblat, à une vingtaine de kilomètres de Limoges", ajoute-t-il.

Stockés dans des bâtisses, les décors sont confiés dix ans plus tard à l'association : "Durant des décennies, on était quelques-uns dans la confidence et on nous a dit de nous taire. Les cheminots concernés craignaient pour leur carrière", confie Jacques Ragon.

Un conservateur mène l'enquête

En 2000, à la faveur d'un article dans la presse locale, Nicolas Vedelago, conservateur des Monuments historiques à Limoges, apprend que ces éléments existent toujours. "On pensait qu'ils avaient disparu. Ils sont inscrits aux monuments historiques depuis 1975 et ils n'auraient jamais dû être enlevés", précise le conservateur.

Le conservateur apprend qu'ils se trouvent à Saint-Léonard, "j'ai alors remonté la piste". Il découvre la carte "toute chiffonnée après avoir été conservée dans un grenier", un millier de carreaux de porcelaine émaillée de la manufacture Tharaud, "cuite à 1.400 degrés et donc inaltérable" et les menuiseries en bois exotique Bilinga "dans un parfait état". Selon le conservateur, la Fondation du Patrimoine va lancer une souscription pour que ces éléments puissent être rassemblés et restaurés avant de pouvoir retrouver leur emplacement d'origine.