Tous les samedis dans Clap, le spécialiste cinéma d'Europe 1 Mathieu Charrier et ses chroniqueurs font le tour de l'actualité du Septième art. Chaque semaine, un invité se soumet à un questionnaire de Proust version cinéma. A l'occasion de la sortie du dernier tome du Chat du rabbin, l'auteur et réalisateur Joann Sfar a accepté de se prêter au jeu du portrait chinois.
Votre premier souvenir de cinéma ?
La danse des indiens dans Peter Pan avec la belle Lili la tigresse dont j’étais amoureux. Je garde l’image de ses cheveux, dont je me suis inspiré pour l’héroïne du Chat du rabbin.
Votre meilleur souvenir en salle ?
Je me suis dépucelé au cinéma pendant Rambo 3. J’avais 16 ans et demi, j’étais très content. C’était au cinéma de Nice, avenue Jean-Médecin. J’ai revu le film ensuite, j’ai toujours une grande tendresse pour lui.
Votre pire souvenir en salle ?
Mon pire souvenir, c’est Crocodile Dundee 2, je suis parti au milieu. J’ai une sympathie folle pour Paul Hogan, mais c’était vraiment trop mauvais. Le premier était pourtant formidable.
Le film culte que vous n'avez jamais vu ?
Je n’ai jamais vu The Rocky Horror Picture Show alors qu’il a tout pour être mon film préféré. Quand je suis arrivé à Paris il y avait des séances mais j’avais la flemme. En DVD, ça ne m’intéresse pas, je pense que c’est l’événement qui m’intéresse.
Le film que vous avez honte d'aimer ?
Il y en a tellement. J’adore aller sur le coffret des César, râler sur le cinéma français et faire mon vieux con cinéphile d’il y a 30 ans. Quand j’ai regardé Une fille facile, j’ai trouvé que c’était un chef d’œuvre absolu. J’ai honte d’avoir aimé à ce point un film français récent.
Le film que vous avez le plus vu ?
C’est sans doute Conan le Barbare de John Milius. Je le connais par cœur, je l’ai vu au moins 200.000 fois. Je sais que c’est une adaptation peu fidèle des livres de Robert E. Howard, mais j’adore John Milius. Et puis il y a Star Wars. Avec les copains il fallait les connaitre par cœur. Quand j’étais jeune, il fallait les connaitre par cœur avec les copains. J’ai dû voir les premiers entre trente et quarante fois.
La plus belle scène de cinéma ?
Je ne vais pas être original, mais pour moi c’est soit Mastroianni dans son bain dans Huit et demi, soit le petit garçon avec son gâteau dans Il était une fois en Amérique. Il a volé un gâteau pour aller voir une prostituée et il attend dans l’escalier. Et comme c’est encore un petit garçon, il mange le gâteau.
Le film qui vous a fait le plus rire ?
Quand je regarde Frankenstein Junior, je suis sous le fauteuil à chaque fois. Quand il dit "Frau Blücher" et qu’il y a un éclair. Quand sa femme lui dit que c’est du taffetas et qu’on ne peut pas toucher sa robe. Quand le type prend le cerveau anormal et le met dans le monstre. Quand Frankenstein danse sur Putting on the Ritz. Je suis un fou de Mel Brooks, le réalisateur. Je suis quelqu’un qui déteste le second degré et Mel Brooks, c’est du premier degré absolu. C’est con comme un Bugs Bunny et je n’aime rien autant que lui.
Le dialogue que vous connaissez par cœur ?
Pas grand-chose, j’oublie tout. Quand j’essaye de citer, je cite mal.
Le film que vous conseilleriez à votre meilleur ami ?
Un éléphant ça trompe énormément, ou quoique ce soit signé Jean-Loup Dabadie ou Yves Robert.
Et à votre pire ennemi ?
Les films qui ont des prix on ne sait pas pourquoi, sur lequel on fait des compliments parce qu’on ne veut pas passer pour un con.
Votre séance de cinéma la plus dingue ?
Une projection d’un film d’horreur au festival de Gérardmer. Des gens sont tombés dans les pommes parce qu’on voyait une aiguille entrer dans un œil.
La bande originale qui vous a le plus marquée ?
Je crois que c’est celle de Yentl, avec Barbra Streisand.