Fanny Ardant : "Je partage avec Gérard Depardieu une indépendance d'esprit"

Fanny Ardant était l'invité d'"Icônes", samedi sur Europe 1 (photo d'archives).
Fanny Ardant était l'invité d'"Icônes", samedi sur Europe 1 (photo d'archives). © AFP
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Margaux Lannuzel , modifié à
Invitée d'"Icônes", samedi sur Europe 1, l'actrice française Fanny Ardant a estimé partager une "forme de provocation" avec Gérard Depardieu, jugeant toutefois avoir une vision du monde "plus noire que lui". "Je suis plus énervée", confie-t-elle au micro de Michel Denisot. 
INTERVIEW

Fanny Ardant peine à citer ses Icônes, tout en se prêtant volontiers au jeu de l'émission de Michel Denisot. "Une icône, c'est quelqu'un dont on prend tout, à qui on pourrait dire : 'Faites de moi ce que vous voulez'", juge l'actrice au micro d'Europe 1. Sans aller jusque là, elle préfère citer les personnalités qui l'ont inspirée ou dont elle se sent proche. Et notamment l'acteur Gérard Depardieu, connu son franc-parler. 

"Je suis plus énervée que lui"

"Je pense que quand Gérard disait : 'il faut être un citoyen libre' [l'acteur a rendu son passeport français pour devenir 'citoyen du monde', en 2012, avant d'obtenir la nationalité russe, ndlr], il voulait dire qu'il faut avoir le culot de rencontrer n'importe qui et de ne pas se dire : 'Oh non, moi, je ne dis pas bonjour'. Non, Tu dis bonjour à n'importe qui. Après, tu parles, tu te disputes, tu te castagnes, mais tu dis bonjour à n'importe qui", explique l'actrice. 

Sans connaître précisément "sa vision du monde", de son propre aveu, Fanny Ardant pense donc partager "une indépendance d'esprit" et "une forme de provocation" avec Gérard Depardieu. "Ce qui me plaît toujours, c'est de faire bisquer quelqu'un, c'est très amusant. Mais je pense que moi, ma vision est plus noire que lui. Je suis plus énervée que lui."

"Tous des banquiers ou des économistes"

Enervée contre quoi ? "Je suis contre la diabolisation de certains pays, parce que je pense que c'est surtout de l'hypocrisie des journalistes", développe Fanny Ardant. "Je pense que le capitalisme sauvage et libéral à tout prix a fait les mêmes exactions que les régimes forts."

"Avec les pouvoirs forts, on peut visualiser l'ennemi. On peut dire : 'Je suis contre un tel'. Vous allez en Corée du Nord, vous pouvez être contre le chef de l'Etat. En France, être contre le chef de l'Etat n'a aucun sens. Pourquoi ? Parce que je pense qu'il n'y a plus d'idées politiques. Il n'y a plus de Jean Jaurès. Il n'y a plus de lyrisme. Ce sont tous des banquiers ou des économistes", s'emporte Fanny Ardant.

Une vision sombre, dont la comédienne espère sortir grâce à une révolution qui pourrait commencer, selon elle, par un recul des nouvelles technologies. "Je sais qu'il y a toute une nouvelle génération de garçons de 30 ans qui n'ont plus envie d'avoir de portable. C'est comme si la révolte allait venir d'une façon douce."