Emmanuelle Seigner : "Le sexe au cinéma, c’est toujours nul"

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A.D , modifié à
Dani et Emmanuelle Seigner partagent la scène pour leur spectacle "La nuit ne dure pas". Le temps d'une balade parisienne, elles évoquent leur carrière, aussi bien au micro que sur écran.
INTERVIEW

Au pied de la butte Montmartre, les chanteuses Dani et Emmanuelle Seigner attendent Frédéric Taddëi. C'est devant la salle du Trianon que débute leur balade parisienne. Les deux femmes, toutes deux comédiennes et chanteuses après un passé de mannequin, ont joué dans des salles de Pigalle. Ensemble cette fois, elles présentent le spectacle La nuit ne dure pas, déjà joué au printemps de Bourges et qui sera à nouveau présenté le 16 octobre salle des Etoiles.

Aimer les Doors, tourner avec Claude François. Le Trianon, Emmanuelle Seigner s'y est déjà produite. Dani, elle, a chanté dans le théâtre du lycée Jacques Decour, tout proche. Elles apprécient ce quartier parisien, musical. Elles aiment le rock, "c'est d'abord une attitude", souffle Dani. "J’adorais Lou Reed et les Doors et je partais en tournée avec... Claude François, Julien Clerc et Johnny Hallyday !", raille-t-elle. "Comme j’étais une gonzesse, je ne remplissais pas les salles, mais c’était très confort", ajoute la chanteuse, se remémorant le tout début des années 1970.

Gainsbourg. Sa complice, elle, a commencé dans les années 1980/1990. On la connaît davantage actrice, comme par exemple dans son dernier rôle de Commandant Fisher pour TF1, mais elle "voulait faire de la musique". A l'époque, ce qu'il était possible de faire, "c’était un album avec Gainsbourg, très bien, mais moi je ne voulais pas ça", tranche Emmanuelle Seigner. C'est toujours Gainsbourg qui composa Comme un Boomerang pour Dani, chanson destinée à l'Eurovision, mais qui sera refusée parce que jugée "trop trash". Elle sera finalement chantée en duo avec Etienne Daho.

Des passages de vie et des chansons. Sur le Boulevard Rochechouart, la petite équipe se dirige vers la cantine de La Cigale, où les chanteuses doivent retrouver leur guitariste, Emilie Marsh. Dans leur spectacle tiré du livre de souvenirs de Dani, également nommé La nuit ne dure pas, les deux artistes chantent et Emmanuelle déclame des passages de l'ouvrage : "Je raconte sa vie (...). Les textes donnent du fond, ce n'est pas juste un concert." "Elles ont toutes les deux un côté punk, des voix très différentes, avec de la douceur, du grave, de l'aigu", commente la guitariste qui a cherché des arrangements autour de la personnalité de chacune.

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Au cinéma. Autour d'un café ou d'un thé, les chanteuses évoquent aussi tour à tour leur carrière cinématographique. Le premier tournage de Dani, sous la direction de Roger Vadim, n'a pas commencé au mieux. "J'étais en gros plan. Il n'y avait pas un mot qui sortait." La deuxième prise n'est pas plus glorieuse. Il lui faudra un Pastis bien dosé pour sortir de sa torpeur. Emmanuelle Seigner, pas traqueuse, est plutôt du genre à "commander des sushis pendant l'entracte". Mais elle avoue ne pas aimer tourner les scènes sexy. Elle les a plutôt évitées sauf dans Lunes de fiel qui s'y prêtait. "Le sexe au cinéma, c’est toujours nul. Les scènes de sexe pur, je ne trouve pas ça intéressant", se justifie-t-elle. 

Devant chez Michou. Le cap est mis ensuite vers la librairie des Abesses, en passant par la rue des Martyrs. La conversation s'oriente cette fois vers la chanson Sing Sing du répertoire d'Emmanuelle Seigner. Un morceau qui parle de prison et d'amour. "L’amour est un peu une prison, on fait toujours des compromis", explique-t-elle, alors que le groupe passe devant chez Michou. "C’est là que j’ai rencontré mon mari", le réalisateur Roman Polanski

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Dani aux côtés de Frédéric Taddéï et de Marie-Rose Guarniéri, de la librairie des Abesses.

"Redécouvrir la lecture". L'équipe arrive rue Yvonne Le Tac, à destination. Marie-Rose, la libraire des Abesses, accueille dans sa boutique. "Elle m’a fait redécouvrir la lecture il y a des années", explique Dani. "C’est une femme formidable. Vous rentrez, vous dites 'olala, je suis triste, je m’en vais en voyage avec un mec que je supporte pas' et d’un seul coup, elle te sort le livre qui te subjugue l’histoire ou qui te fais prendre des décisions catégoriques", poursuit l'artiste. "En dehors de ça, elle m’a beaucoup aidé pour La nuit ne dure pas, pour le rewriting, les tournures de phrases."

C'est aussi dans la librairie que les filles ont rendez-vous avec Gil lesage, ancienne chanteuse du groupe Ultra Orange dont fait partie Emmanuelle Seigner. Devenue photographe, c'est elle qui a réalisé l'affiche du spectacle. Un spectacle proche d'être 100% féminin. "On a quand même un garçon à la lumière !", indiquent les filles. Elles pourraient travailler sans les garçons mais avouent bien les aimer.