Le film "La Scoumoune" est sorti en 1972. 2:12
  • Copié
Stéphane Bern , modifié à
Dans l'émission d'Europe 1 "Historiquement Vôtre", Stéphane Bern s'intéresse chaque jour aux racines d'un mot ou d'une expression du quotidien. Vendredi, il est revenu revient sur l’expression avoir "la scoumoune" qui veut dire avoir la poisse. L’expression tient ses origines de Méditerranée et est devenue populaire dans les années 1950.

Chaque jour dans l’émission "Historiquement vôtre", Stéphane Bern revient sur les origines d'un mot ou d’une expression que l'on utilise au quotidien. Vendredi, il s’est intéressé aux origines du mot "scoumoune", qui vient en fait de la traduction corse d’excommunication, synonyme, au Moyen-Âge, de grande malchance. L’expression a ensuite été popularisée par les Français d’Alger dans les années 1950, jusqu’à devenir le titre d’un film de José Giovanni en 1958 : La Scoumoune, adaptation de son roman L’Excommunié.

"Quand je suis arrivé à Europe 1, je me suis dit 'quelle chance'. Quand on m’a annoncé que j’allais travailler avec Matthieu Noel, je me suis dit 'quelle scoumoune' ! La scoumoune, c’est la malchance, la poisse, une guigne persistante. L’expression vient de la Méditerranée et plus précisément de Corse. 'Scomum' est un mot qui descend de l’italien 'scomunica', qui lui-même vient du latin 'excomunicatio' qui veut dire excommunier. Au Moyen-Age, la pire des malchances, c’était d’être excommunié.

En France, fille aînée de l’église, on réservait ce châtiment à ceux qui étaient hérétiques ou ceux qui s’autorisaient des violences envers les clercs. Ces derniers étaient alors bannis de la communauté chrétienne.

Tout le monde utilisait cette expression, surtout dans l’argot de Marseille et de Corse

Le mot 'scoumoune' a été principalement popularisé par les Français d’Alger. Dans les années 1950, tout le monde utilisait cette expression, surtout dans l’argot de Marseille et de Corse.

En 1958, le roman L’Excommunié, écrit par José Giovanni, sort. L’auteur est un ancien condamné à mort pour extorsion de fond qui a été gracié, puis libéré de prison après 11 ans d’incarcération. En 1972, José Giovanni réalisera l’adaptation au cinéma et le film sera intitulé La Scoumoune. Parmi les acteurs, on retrouvera Claudia Cardinale et Jean-Paul Belmondo. Avec L’Excommunié puis La Scoumoune, la boucle est bouclée. On doit aussi à José Giovanni la réalisation de Deux hommes dans la ville (1973), du Ruffian (1983) ou encore la co-écriture du scénario du Clan des Siciliens (1969)."